Découvrez Mariane Alzi

Amour et combat. C’est ainsi qu’on pourrait résumer le premier album de Mariane Alzi. Mais résumer un tel torrent de vie et de passion équivaudrait à mettre l’océan en bouteille ou la lune au bout d’une échelle. Car rarement jeune auteur-compositeur, aura su évoquer les élans amoureux et les tourments de l’âme, les rêves brisés et les espoirs futurs avec autant de flamme et d’émotion. A l’image de « Des roses », le premier extrait de l’album, chanson-credo illustrée d’un clip vidéo où défilent les grandes figures d’un siècle défunt, symboles de lutte et de résistance.

Quand Mariane (avec un seul « n »), était petite, elle s’endormait au son des morceaux des Stones ou des Who, joués à la guitare par son père. Enfant, elle a aussi baigné dans les chants polyphoniques corses, comme ceux que son arrière grand-père créait et interprétait, dans son village de Sermanu, près de Corte. Mais si elle est originaire de l’Ile de Beauté et imprégnée de sa culture et de son histoire (ce n’est pas un hasard si elle s’est choisi comme nom d’artiste celui d’un village voisin), Mariane Alzi ne se revendique nullement comme une chanteuse du cru. D’ailleurs c’est à Paris qu’elle a grandi, entre études d’histoire de l’art et apprentissage du piano. Un instrument de prédilection, quelle enseigne aujourd’hui et avec lequel elle écrit ses chansons.

Quand on la questionne sur ses influences musicales, Mariane cite indifféremment les Stones, Barbara, Mercedes Sosa ou Noir Désir. Un éclectisme qu’elle a toujours cultivé, même lorsqu’elle participait à une association de rap et de sound system dans les années 2000. Une première chanson écrite à 7 ans (« pour ma jument » sourit-elle…), un premier concert à 17 ans lors d’une fête de la musique, des voyages, des petits boulots, des rencontres, des aventures, et la voilà prête à se lancer dans le grand bain, celui dont elle a toujours rêvé. Le résultat, c’est ce premier album éponyme, tourbillon de notes et de mots ponctués d’une étonnante voix à la fois sensuelle et impérieuse, et ourlée d’un léger vibrato entre douceur et tempête. Un album réalisé par l’américain Bob Coke (Moriarty, Ben Harper, Noir Désir…) et mixé par Dominique Blanc-Francard (Stephan Eicher, Benjamin Biolay, Raphael, etc).

Un album qui serpente entre ballades (« Lost », « I Don’t Know », « Les amours amers », au masculin pluriel), hymne rebelle (« Allez », que n’aurait pas renié Stéphane Hessel, l’auteur d’Indignez vous), blues lancinant (« La sirène »), trip hop hypnotique (« Peut-être un jour ») et même une chanson en corse, « Al di la », évocation de l’impression d' »au-delà » qui suit un deuil amoureux.

Mais Mariane ne se contente pas de puiser son inspiration dans la déclinaison des ruptures amoureuses. Ainsi « Quai des brumes », clin d’œil au célèbre film, lui a été soufflé par la lecture d’une autobiographie de Juliette Gréco ; « Des bouts d’identités », ode aux minorités bafouées, a été écrite au sortir d’une exposition photographique bouleversante, « Des Roses » après la vision d’un documentaire sur le conflit israélo-palestinien et « Il y a longtemps déjà » évoque le film Dix hivers à Venise, avec une courte citation d’un « Nocturne » de Chopin.

L’album se clôt sur « Désarme », une chanson d’espoir et d’avenir, qui prend une tout autre dimension à l’aune des origines de l’artiste. Amour et combat, c’est décidément la même chose.

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