Denis Podalydès et Jean-Louis Fournier : Prix Femina 2008

Après Marc Bressant (La dernière conférence) qui a reçu le Grand prix du roman de l’Académie française, c’est au tour de Jean-Louis Fournier et Denis Podalydès de recevoir respectivement le prix Femina et Femina essai pour leur livre « Où on va papa ?  » et « Voix off ».

Le prix Femina est un prix littéraire français, créé en 1904 par 22 collaboratrices du magazine La Vie heureuse (aujourd’hui : Femina). Le prix est attribué chaque année par un jury exclusivement féminin le premier mercredi de novembre à l’hôtel de Crillon, Paris.

Denis Podalydès est le lauréat du prix Femina 2008 de l’essai pour « Voix off ».

Denis Podalydès est acteur, metteur en scène, scénariste français et écrivain. Depuis quelques années, il prête également sa voix à la lecture de grands textes de la littérature.

Son livre « Voix off » est une sorte d’autoportrait où il revient sur les voix du théâtre ou de la politique qui ont marqué sa vie.

Voix off (présentation de l’éditeur Mercure de France)

 » Est-il, pour moi, lieu plus épargné, abri plus sûr, retraite plus paisible, qu’un studio d’enregistrement ? Enfermé de toutes parts, encapitonné, assis devant le seul micro, à voix haute – sans effort de projection, dans le médium -, deux ou trois heures durant, je lis les pages d’un livre.
Le monde est alors celui de ce livre. Le monde est dans le livre. Le monde est le livre. Les vivants que je côtoie, les morts que je pleure, le temps qui passe, l’époque dont je suis le contemporain, l’histoire qui se déroule, l’air que je respire, sont ceux du livre. J’entre dans la lecture. Nacelle ou bathyscaphe, le réduit sans fenêtre où je m’enferme autorise une immersion ou une ascension totales.
Nous descendons dans les profondeurs du livre, montons dans un ciel de langue. Je confie à la voix le soin de me représenter tout entier. Les mots écrits et lus me tiennent lieu de parfaite existence. Mais de ma voix, lisant les mots d’un autre, ceux d’un mort lointain, dont la chair est anéantie, mais dont le style, la beauté de ce style, fait surgir un monde d’échos, de correspondances et de voix vivantes par lesquelles je passe, parlant à mon tour, entrant dans ces voix, me laissant aller à la rêverie, à l’opération précise d’une rêverie continue, parallèle et libre, je sais que je parle, je sais que c’est de moi qu’il s’agit, non pas dans le texte, bien sûr, mais dans la diction de ces pages.
Alors d’autres voix encore se font entendre, dans la mienne « .

Jean-Louis Fournier, quant à lui, a reçu le prix Femina 2008 pour « Où on va, papa ? »

Jean-Louis Fournier est un écrivain reconnu pour ses nombreux essais.
Il rend hommage dans ce roman à deux de ses deux fils handicapés.

Où on va papa ? (présentation de l’éditeur Stock)

Jusqu’à ce jour, je n’ai jamais parlé de mes deux garçons.
Pourquoi ? J’avais honte ? Peur qu’on me plaigne ? ! Ou cela un peu mélangé. Je crois, surtout, que c’était pour échapper à la question terrible : Qu’est-ce qu’ils font ? Aujourd’hui que le temps presse, que la fin du monde est proche et que je suis de plus en plus biodégradable, j’ai décidé de leur écrire un livre. Pour qu’on ne les oublie pas, qu’il ne reste pas d’eux seulement une photo sur une carte d’invalidité.
Peut-être pour dire mes remords. Je n’ai pas été un très bon père. Souvent, je ne les supportais pas. Avec eux, il fallait une patience d’ange, et je ne suis pas un ange. Grâce à eux, j’ai eu des avantages sur les parents d’enfants normaux. Je n’ai pas eu de soucis avec leurs études ni leur orientation professionnelle. Nous n’avons pas eu à hésiter entre filière scientifique et filière littéraire. Pas eu à nous inquiéter de savoir ce qu’ils feraient plus tard, on a su rapidement que ce serait : rien.
Et surtout, pendant de nombreuses années, j’ai bénéficié d’une vignette automobile gratuite. Grâce à eux, j’ai pu rouler dans des grosses voitures américaines.

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