« Le Mystère et l’Eclat » – Musée d’Orsay (75)

L’exposition qui est abordée actuellement jusqu’au 1er février, au Musée d’Orsay est d’une grande richesse de par son sujet : le Pastel. Mais tout d’abord, qu’est ce que le pastel, cet instrument artistique qui est souvent mis de côté à l’instar de ses compagnons, peinture et crayon ?

Apparu au XVe siècle, le pastel est une poudre colorée et solide, qui est réalisée en broyant pigments mélangés dans de l’eau à une charge et à un liant. Il est ensuite découpé et séché en plusieurs bâtonnets. A l’origine, le pastel permettait de rehausser de couleurs les portraits et les paysages, avant de s’imposer comme un majestueux outils. Ses compositions et ses rendus sont ainsi fort de sens.

Composé de près de trois cent pièces, dont cent dix huit chefs d’œuvres, le parcours nous emmène à la découverte des principaux courants artistiques de la seconde moitié du XIXe siècle : réalisme, impressionnisme, naturalisme… mais aussi d’artistes tels que Jean-Michel Alberola ou Sam Szafran qui témoignent de leur amour pour le pastel aujourd’hui.

Des réalistes, avec Jean François Millet, qui réalisent des représentations des choses « telles qu’elles sont » à Edouard Manet, et ses pastels de femmes et danseuses, en passant par l’impressionnisme, beaucoup de thèmes sont présents lors de cette visite nous permettant de mieux saisir et appréhender l’étendue de cet Art.

Le pastel permet des inventions et des créations hors des limites imposées par certains médiums. Captant les lumières changeantes, se mêlant à d’autres instruments, réalisant de nouvelles techniques, le pastel se fait indispensable et ce auprès de nombreux artistes, notamment Albert Besnard et sa magnifique toile « Femme nue se chauffant ».

Les portraits mondains sont aussi présentés ici et sont incroyables de justesse et de grâce. Le pastel permet une réalisation très précise, s’approchant de véritables photographies. Il permet aussi des effets flatteurs, qui ne sont pas pour déplaire aux modèles.

Le symbolisme est un mouvement qui fut aussi clément au travail du pastel notamment lors des réalisations auprès des mythes et légendes. Tout autour de l’objet artistique, les artistes nouent sentiments, rêves, passions, leurs réalités intérieures mais aussi en créant des paysages à l’expression d’un sentiment : impuissance de l’homme face à la nature (Charles Cottet, Emile-René Ménard), abandon (Ker-Xavier Roussel) ou mystère (William Degouve de Nuncques).

Enfin, Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953) et Odilon Redon (1840-1916) nous amènent à clore notre voyage autour du pastel. Deux artistes qui se consacrèrent longuement au médium, l’un visionnaire par excellence et porteur de rêve, l’autre symboliste et attachée à l’intense spiritualité.

Le pastel renouvela donc intégralement la portée artistique des créations des artistes de l’époque, en ouvrant la voie à la lumière mais aussi au mystère, au jeu d’ombres et à la précision, à l’instabilité et au mouvement. Avec le pastel se réalisa la fusion du dessin et de la couleur, sujets souvent décriés et disputés par de nombreux artistes, de la forme et de la dissolution et de l’image et de sa vibration infinie, invitant les spectateurs à de nouvelles découvertes sur la réalité et l’imagination, entre flou et précision.

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