Les Chemins de l’art brut (7) – La Cité singulière

Cette exposition s’inscrit dans le cadre des Chemins de l’art brut, projet initié par le Musée d’art moderne Lille Métropole en 2002, afin d’éclairer l’oeuvre et le parcours d’artistes d’art brut. Les projets, depuis la fermeture du Musée en février 2006, ont lieu hors les murs.

Pour cette septième édition, la Maison de l’architecture et de la ville s’est associée au Musée d’art moderne pour présenter un ensemble d’oeuvres liées à l’architecture et à la ville, issues de la donation d’art brut de L’Aracine et d’une collection particulière.

Utopies urbaines et visions oniriques de la ville sont régulièrement représentées chez les artistes d’art brut. Des villes réelles ou imaginaires prennent forme, des architectures complexes sont conçues, des projets d’amélioration du cadre de vie sont  élaborés.

Couleurs, répétitions, inventions, foisonnement… les références sont aussi bien quotidiennes que scientifiques.

Constructions imaginaires

C’est en traversant les Flandres que Thomas More écrivit le livre Utopie, publié à Louvain en 1516. Cette critique radicale de la société anglaise de l’époque proposait un autre modèle de vie dans un lieu fictif, l’île d’Utopie. Ce nom est issu du grec ou «non» et topos «lieu», littéralement le «non-lieu», le non localisé. Utopie, avec ses codes et règles propres, forme ainsi une sorte de cité singulière qui est à la fois préservée du monde par sa position insulaire et un modèle à suivre pour réformer la société en profondeur.

L’utopie, passée du nom propre au nom commun au cours du XIXe siècle, accompagna la naissance de la modernité et sa croyance inflexible dans le progrès possible pour le plus grand nombre. Elle est maintenant généralement comprise comme une chimère, une construction purement imaginaire dont la réalisation est, a priori, hors de notre portée.

C’est justement de constructions imaginaires dont il est question dans l’exposition La Cité singulière.
Les cinquante oeuvres présentées – dessins, sculptures, films ou photographies – témoignent du regard posé sur la ville où sur l’habitat par des artistes classés dans l’art brut (A.C.M., Paul Duhem, Paul Engrand, Désiré Geelen, Frank Jones, Helmut Nimozewski, Titus Matiyane, Willem Van Genk) ou s’en approchant, comme les habitants paysagistes (le facteur Cheval, l’abbé Fouéré, Theo Wiesen).
Chaque ensemble d’oeuvres constitue à sa façon une cité singulière qui, dans son rapport à un site, une architecture ou une ville, développe une singularité forte, à même de peupler ce qui relève souvent d’une solitude.
Au coeur de celle-ci, à la façon d’une utopie, se révèle un ailleurs patiemment construit, qui pose la question d’un en dehors, d’un envers des modèles et usages établis.

L’exposition a lieu jusqu’au 1er novembre 2008.
Maison de l’architecture et de la ville – Place François Mitterrand, Euralille

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