Zoom sur le collectif Dérézo

A l’approche du festival d’Avignon Off, Lartino a souhaité en savoir plus sur l’une des troupes qui sera présente à l’Espace Alya du 8 au 29 juillet dans le cadre de ce festival. Le collectif Dérézo y présentera son spectacle intitulé « Qui ? » mis en scène par Charlie Windelschmidt. Rencontre …

Bonjour Charlie Windelschmidt, pouvez-vous vous présenter ?

Je suis metteur en scène et directeur artistique au sein du collectif trans-théâtral Dérézo de Brest.

Pouvez-vous nous parler du collectif Derezo?

Le collectif est né d’une promotion (1996) de l’ENSATT, école supérieure des arts et techniques du théâtre, autrement nommée « rue blanche ».
Au fil des rencontres, nous nous sommes implantés solidement à Brest en 2000 véritable point de départ de l’aventure collective.
Nous avons ensuite été conventionné en 2002 avec le Ministère de la Culture, la Région Bretagne, le Conseil Général du Finistère et la Ville de Brest.
Nous sommes une vingtaine d’artistes d’horizons différents (jeu théâtral, danse, arts plastiques, vidéo, écritures, musique…) et nous nous intéressons à l’idée d’un théâtre au cœur duquel l’écriture peut entretenir un rapport privilégié avec les autres arts.
Nous produisons des formes en intérieur comme extérieur, et dans des esthétiques singulières dont l’acteur est toujours le centre. Par exemple nous développons des recherches poussées sur le masque, sur l’intégration des nouvelles technologies au spectacle vivant, sur des formes de présences artistiques immergées dans le réel, les gares par exemple…

Le collectif se produira en juillet au festival d’Avignon, pouvez-vous nous en dire plus sur le spectacle « Qui ? » qui sera joué à cette occasion ?

C’est la rencontre poétiquo-politique entre notre collectif Dérézo et le collectif d’auteurs Lumière d’août de Rennes.
J’ai passé dans un premier temps une commande à I Made Anom, un facteur de masque de Bali, petite île indonésienne, qui a donc fabriqué ce masque sur mesure pour notre spectacle.
Ensuite, la clef de la commande d’écriture, au-delà du masque, fut le mot « Qui ? ». Une idée force pour appeler à critiquer les positions médiatiques et politiques de nos contemporains à travers des jeux sémantiques, symboliques ou plus violemment commerciaux. Le travail a fait le reste entre écriture en répétitions et partage des problématiques d’esthétiques et de techniques, dues notamment à la complexité de la discipline qu’est le masque.

A quel type de public s’adresse ce spectacle ?

Ce spectacle s’adresse à ceux qui croient que le théâtre est un outil à penser le monde, sans démissionner de l’humour et de la fête. A des citoyens percevant encore une différence entre art et divertissement. Même si les deux doivent trouver leur place, l’un ne doit pas taire l’autre.

Où pourra-t-on voir également prochainement la troupe ?

Le collectif sera présent la saison prochaine à Montpellier (Domaine d’O) avec Virthéâ (spectacle intégrant les travaux menés avec, entre autres, le Centre Européen de Réalité Virtuelle et le Fourneau, centre national des arts de la rue).
Nous serons pour deux saisons à la Filature, scène nationale de Mulhouse, avec le metteur en scène Valéry Warnotte et moi-même pour le festival Trans(e) 2011.
Nous serons aussi en tournée en France avec « Qui ? » ainsi que « Un trou dans la ville« , spectacle sur un texte de Charles Pennequin qui se joue dans les gares au coeur des voyageurs en partance pour un public sous casques audio.
Nous serons en mai à Washington pour jouer les Microfictions, créées au Théâtre du Rond-Point à Paris et au Quartz de Brest.
Nous sommes par ailleurs associés à plusieurs structures culturelles qui nous passent commande de spectacles éphémères et in situ comme l’Archipel de Fouesnant ou la ville de Cesson-Sévigné.
Enfin, nous poursuivons par ailleurs avec ferveur toutes nos actions de terrain en formation/transmission…
Vous pouvez retrouver la liste exhaustive de nos folies sur le site internet du collectif.

Le public est-il toujours au rendez-vous ?

Oui et de plus en plus. En dix ans d’implantation et d’exigences au cœur de la Bretagne, nous avons développé une position parfois radicale théâtralement, mais qui a su nous faire voyager dans toute la France et plus largement dans le monde.

Quel regard portez-vous sur le théâtre en France ?

Il n’y a plus LE théâtre en France mais DES théâtres en France. Le temps de la grande famille est bien révolu. Les choix de nos responsables politiques, des institutions, ainsi que des artistes (artisans d’eux-mêmes dans leur choix artistiques) ont contribué à une situation de mise en étau des artistes, de leur diversité, de leurs solidarités, de leur liberté même.
Les disparités sont criantes, les conditions de plus en plus violentes, les réactions de plus en plus discrètes. Je crois dans la possibilité des œuvres à soigner les gens de leurs peurs. Pour cela nous devons, nous artistes, reconsidérer le politique comme notre responsabilité. Je ne veux pas dire qu’il faille prendre parti, bien sûr, je veux chercher à l’endroit d’une responsabilité civique, d’une mise en relation entre les hommes qui ne s’adresse pas à leur « temps de cerveau disponible », ni à leur portefeuille, ni à la capacité de chacun à s’oublier dans l’idée machiavélique qu’en travaillant plus on gagnera plus…

Que signifie votre présence cette année au Festival d’Avignon ?

Du contre courant, aux vues de ce qui s’y programme semble t-il. C’est une première pour nous, ce fut un débat acerbe au cœur même du collectif. Avignon Off doit rester un outil, non un but.

Quels sont vos envies, vos projets ?

De créer tant que nous sommes en vie !


Charlie Windelschmidt, la Rédaction de Lartino vous remercie pour le temps que vous lui avez accordé et rappelle que le Collectif Dérézo sera présent du 8 au 29 juillet 2010 à 22h30 à l’Espace Alya – Avignon Off

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