A l’occasion de l’exposition, Picasso et les maîtres, qui se tient aux Galeries nationales du Grand Palais, le musée d’Orsay présente un ensemble d’une quarantaine de tableaux, dessins, gravures et maquettes réalisés par Picasso entre 1954 et 1962, d’après le chef-d’oeuvre de Manet, Le Déjeuner sur l’herbe. De son côté, le musée du Louvre accueille les variations sur les Femmes d’Alger de Delacroix. Pour la première fois, trois grands établissements parisiens s’associent à la Réunion des musées nationaux pour tenter de reconstituer le panthéon artistique de l’artiste, qui, dès son arrivée à Paris, fait du Louvre, comme il l’avait fait auparavant du Prado, l’une des sources essentielles de sa création. Toute sa vie, de son apprentissage académique aux dernières années, en passant par la révolution cubiste et la période néo-classique, Picasso s’est nourri de la peinture du passé. Dans les années 50, il entreprend le cycle des variations d’après les maîtres : Delacroix, Velasquez et Manet, mais aussi de façon moins systématique Poussin, Cranach, David, Le Nain, Courbet… Un moyen pour lui de confronter son langage pictural aux grands chefs-d’oeuvre de la peinture, de renouveler le genre de la citation, et de vérifier son pouvoir de peintre.Ce cannibalisme pictural ne connait pas d’équivalent dans l’histoire de l’art.L’expérience qu’il mène avec le tableau de Manet est sans doute la plus profonde et la plus complexe qu’il ait jamais menée. L’exposition du musée d’Orsay réunit quatorze des vingt six Déjeuners sur l’herbe de Picasso et accueille également des dessins, des gravures ainsi que les maquettes préparatoires au monument de Stockholm. L’enchaînement, strictement chronologique, des oeuvres permet de jouer avec Picasso qui joue avec Manet et son Déjeuner.Car si en 1932, il considérait le tableau de Manet avec angoisse en écrivant “Quand je vois le Déjeuner sur l’herbe je me dis des douleurs pour plus tard”, Picasso finit par s’en emparer avec joie et dans un grand sentiment de liberté. En 1954, il dessine fidèlement la composition de Manet. Puis, il exécute, de février 1960 à août 1961, vingt-six tableaux qu’il présente à la galerie Louise Leiris en 1962.Cette année là, il reprend les quatre personnages créés par Manet pour inventer une sculpture monumentale. Picasso fait siennes chacune des interrogations qu’a provoquées le tableau de Manet, lors de sa tumultueuse présentation au Salon des Refusés en 1863, pour lui apporter une réponse. La question du nu, celle de l’absence du sujet, celle du plein air. Les protagonistes du Déjeuner de Manet deviennent donc les comédiens d’un petit théâtre que Picasso fait évoluer dans un paysage qui n’est somme toute qu’un décor. Il exploite toutes les possibilités que lui offre la “partie carrée” qu’a imaginée Manet.Les personnages, femmes et hommes, sont rhabillés ou déshabillés. Ils se rapprochent ou s’éloignent. Un lit, l’autre fume. Un discourt, une autre cueille une fleur. Ils sont quatre ou seulement trois… Ils sont finalement isolés, dénudés, gonflés et lâchés dans la nature du parc du Moderna Museet de Stockholm. Picasso s’amuse et insiste sur l’humour que Manet dissimulait volontiers

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Artiste photographe française, elle commence sa pratique photographique à l’âge de 18 ans. 10 ans après, elle décide de créer son propre site web et faire de celui-ci un lieu de création et d’interaction. Une grande partie de ses travaux sont présentés sur le net et ils sont essentiellement organisés en 5 catégories : recherche (portraits, scènes de la vie quotidienne), autobiographie (autoportraits, identité, chroniques ordinaires), rencontres, collaboration et travaux vidéo – son. Lartino : Dans un entretien fait par Marilia Destot pour Photo&Vidéo Numérique, vous avez dit : « La photographie me nourrit autrement au quotidien, me permet de conserver des traces du présent, de raconter des histoires, de me raconter ma propre histoire ». Quel déclic vous a décidé à vous lancer dans la photographie ? Gisèle Didi : J’ai suivit une option audiovisuelle à son démarrage au lycée Lumière à Lyon en seconde en 1988. C’était axé sur des analyses de films, de publicité et de la pratique caméra et photo. L’image fixe a rapidement été pour moi le bon moyen pour exprimer des émotions, centres d’intérêts. L : Si votre pratique photographique s’est allégée et libérée en passant de l’argentique au numérique et à internet, donnant ainsi place au quotidien et aux émotions plus qu’à une esthétique classique, quelles sont les contraintes que ce mode de création artistique vous a imposé ? G.D : En réalité, je vois assez peu de contraintes. Les avantages ont été une plus grande liberté, le fait de cerner au plus proche quel était vraiment mon sujet, ce que j’avais envie de raconter et de quelle manière, m’a permit de faire des “essais d’expression” plus facilement, plus rapidement et je suis de nature pressée. En réfléchissant bien pour vraiment trouver des inconvénients, je dirai une magie du noir et blanc, une extrême qualité du tirage baryté qui n’est peut être plus mais en fait cela ne me dérange pas tant j’avais envie d’en sortir et tant j’ai gagné en identification de mon essentiel et puis les qualité de fichiers et tirages sont aujourd’hui excellentes. Par contre heureusement que mon parcours est passé par ces 10 ans de photos argentique “puriste”, il aurait forcement été moins aboutit aujourd’hui. L : Au regard de l’ensemble de vos œuvres transparaît le désir de la rencontre, du dialogue et de mieux connaître celle ou celui qui est devant vous. Pourriez-vous évoquer certaines rencontres décisives qui ont fait évoluer votre pensée ? G.D : La rencontre est bien sure essentielle et chaque histoire d’amour (au sens de certaines amitiés aussi). J’en ai fait une rubrique dans la page de présentation de mon site et j’ai inscrit des prénoms plus ou moins cachés.C’est toujours des gens que j’ai tout appris, ni des livres, ni de l’école ou moins. Je citerais celle de Vanessa Galligan, écrivain essayiste américaine qui fut décisive, rencontrée par Internet et amie depuis 7 ans maintenant. L : Pourriez-vous citer un artiste photographe dont vous appréciez le travail ? Y-a-t-il une de ses photos qui a

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