Ben Harper & Charlie Musselwhite : Nouvel album Get Up

Ben Harper s’est associé au géant de l’harmonica Charlie Musselwhite pour créer Get Up!, un cycle de chansons saisissant dont la sortie est prévue le 29 janvier 2013 chez Stax Records. Enregistré à Los Angeles et produit par Ben Harper, Get Up! est son 12e album studio dont on découvre un premier extrait en vidéo : I Don’t Believe a Word You Say et nouveau titre en audio : Get Up !

« Tout ça remonte à cette session d’enregistrement avec John Lee Hooker », se rappelle Ben Harper avec enthousiasme. « John Lee lui-même nous avait dit : « Ouais, ouais, les gars…c’est bon ça. Ouais, ouais. Vous devriez continuer comme ça. Faites ça. »

Natif du Mississippi, Musselwhite fait partie des bluesmen les plus influents au monde. Harmoniciste virtuose, il est également un chanteur reconnu et un songwriter à part entière. Au cours de son illustre carrière, il a collectionné d’innombrables récompenses et travaillé avec plus de légendes de la musique qu’il n’est possible d’en nommer, notamment Howlin’ Wolf, Muddy Waters, Big Joe Williams, Little Walter, Sonny Boy Williamson, Tom Waits, Eddie Vedder et, comme il est dit plus haut, John Lee Hooker.

Fan de Musselwhite depuis l’enfance, Harper supplia qu’on le présente à son idole lors du Bryon Bay Blues Festival en Australie en 1996. Malgré leur différence d’âge et de parcours, ces deux là s’entendirent parfaitement dès leur rencontre. La session de 1997 pour John Lee Hooker fut également un moment fondateur. C’est à cette occasion qu’ils découvrirent leurs affinités musicales et trouvèrent un langage artistique commun à la fois fluide et unique.

Depuis lors, les deux musiciens n’ont cessé de collaborer, notamment en 2002 lors des séances pour l’album « Don’t Give Up on Me » de Solomon Burke ou pour l’album « Sanctuary » de Musselwhite en 2004 ; les deux amis se retrouvèrent également sur la version que Harper donna de « Homeless Child » et sur son album de 2006 « Both Sides of the Gun ». A chaque fois qu’ils jouèrent ensemble, cela fit des étincelles. Et chaque nouvelle rencontre semblait justifier de manière encore plus flagrante les paroles de Hooker.

On retrouve une nouvelle fois Ben Harper et Charlie Musselwhite sur « Get Up! », un classique immédiat de modern blues. Sur ce disque, le douzième album studio de Ben, se mêlent à la fois gospel, country et rhythm & blues. Cette alchimie lui permet d’élargir sa palette artistique de manière inédite.

« Le blues tient au feeling », précise Musselwhite. « Ca n’est pas une question de changement d’accord. Les bons accords sans le feeling, ça ne donne pas du blues. B.B.King pourrait chanter « Mary Had a Little Lamb » et ça serait du blues. »

Harper, Musselwhite et le groupe composé du guitariste Jason Mozersky, du bassiste Jesse Ingalls et du batteur Jordan Richardson, interprètent ces chansons intenses et poignantes en faisant le choix de la simplicité. Produit par Harper et co-produit par Sheldon Gomberg, les membres du groupe, et le célèbre producteur Chris Goldsmith, « Get Up ! » semble intemporel, comme s’il avait été enregistré il y a quarante ans à Chicago aux studios Chess et non au Carriage House à Los Angeles.

Le disque s’ouvre avec « Don’t Look Twice » où Harper chante dans les aigus, faisant penser à Blind Lemon Jefferson. On trouve ensuite le blues électrique de « I’m Out and I’m Gone », qui n’aurait pas déplu à Muddy Waters.

« Selon moi, il s’agit d’un des moments forts de l’album », déclare Harper à propos de ce morceau. « Je vais le dire une bonne fois pour toute. Je pense qu’on trouve sur cette chanson l’un des plus grands solos d’harmonica de l’histoire. Il est à fois direct et insaisissable. C’est compliqué de jouer quelque chose de simple tout en donnant l’impression qu’il s’agit de quelque chose d’inédit ».

Sur le redoutable « Blood Side Out », Harper dresse le portrait d’un homme qui a franchi depuis longtemps le point de rupture. Le solo de guitare brut de décoffrage et le jeu tout en sensibilité de l’harmonica parvient à restituer la frustration et l’énergie folle d’un individu qui s’est trop souvent retrouvé du côté des perdants.

On retrouve souvent cette attitude de défi sur « Get Up ! ». Le sentiment amoureux occupe également une place prépondérante sur le disque comme en témoigne le duo poignant entre guitare acoustique et harmonica sur « You Found Another Lover (I Lost Another Friend) ». En termes poétiques, les trois courts couplets de la chanson décrivent une rupture douloureuse, description que vient souligner de façon brillante l’accompagnement de Musselwhite. « J’ai joué avec John Lee Hooker, Solomon Burke et Taj Mahal, mais le fait de jouer cette chanson avec Charlie restera comme l’un de mes meilleurs souvenirs », déclare Harper.

« I Don’t Believe a Word You Say » est un blues électrique nerveux qui peut s’adresser à quiconque n’a pas tenu ses promesses, qu’il s’agisse d’un amant ou d’un politicien. « Si on appliquait ces mots à la politique, ça marcherait presque mieux que dans le cadre amoureux », souligne Harper.

Un piano façon Nouvelle-Orléans illumine de son énergie bouillonnante le titre « She Got Kick », les choses se poursuivent avec « We Can’t End This Way », merveilleuse rencontre entre un blues acoustique et le gospel. Placé entre des mains moins habiles, le morceau aurait été une déclaration indigeste de bonnes intentions mais ici, nous avons tout simplement affaire à une célébration pleine de vie.

Reposant sur un groove trépidant, le groupe va tout aussi loin dans une direction radicalement différente sur « Get Up ! », le titre donnant son nom à l’album. « Cette chanson a été écrite autour d’une ligne de basse dévastatrice qu’avait trouvé Jessie », explique Harper. « C’est toujours tentant d’aller dans la surenchère, mais on a préféré opter pour la simplicité. Le résultat est puissant. »

L’hymne obsédant « I Ride at Dawn », dédié à l’officier de marine disparu Nicholas P. Spehar, le frère d’un ami, offre la description troublante d’un soldat d’aujourd’hui se préparant à aller au combat. « Le vrai blues a de la profondeur et de la substance », indique Musselwhite. « Ce ne sont pas juste des chansons griffonnées à la va-vite. Ces morceaux viennent du cœur, bien plus que de la tête. Plus que de la musique, c’est le reflet de la vie ».

L’album se termine sur l’entraînant « All That Matters Now », sorte de conclusion à ce voyage émotionnel que nous a offert l’album. « J’étais dans la cabine de production, en train de me demander ce que nous allions bien pouvoir faire », se rappelle Harper. « C’est à ce moment que j’ai entendu Charlie et Jason jouer ça, ce groove puissant. J’ai écouté et j’ai dit à mon ingénieur du son de lancer l’enregistrement. Ne règle même pas les micros, lance la bande. On entend des personnes en train de parler et de marcher dans la pièce, mais ça n’est pas important ».

Enregistré sur le vif, « Get Up ! » est un disque old school. Cette sorte d’alchimie musicale demandait une telle approche. Mais ce disque à la fois impétueux et vulnérable est en même temps on ne peut plus moderne. Il s’agit d’un disque que Harper avait toujours souhaité enregistrer tout en sachant qu’une certaine expérience de la vie était nécessaire à sa réalisation. « Get Up ! » démontre que cela a valu la peine d’attendre.

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