Félix Ziem, Orientaliste ou Impressionniste ?

Félix Ziem est reconnu au 19ème siècle par Théophile Gautier comme étant le « peintre de Venise ». Il est cité dans les ouvrages comme peintre de la marine et classé par l’histoire de l’Art parmi les orientalistes. Le musée Fournaise (78) expose Félix Ziem jusqu’au 30 novembre 2008.

Orientaliste ? C’est peut-être le substantif « peintre-voyageur » qui conviendrait le mieux au peintre Félix Ziem (1821-1911) qui quelques années avant Pierre Loti sut traduire les charmes de l’Orient à travers ses couleurs brillantes et chatoyantes, ses impressions émues ou ses souvenirs revisités.

Impressionniste ? Vers 1850, certains peintres annonçaient déjà les prémices de l’impressionnisme, mouvement qualifié de révolutionnaire de la peinture moderne et qui explosa sur les bords de Seine entre Chatou et Bougival en 1868.

Grâce aux prêts exceptionnels des riches collections du musée Félix Ziem de Martigues, l’exposition met en relief l’importance du travail d’études préparatoires en plein air.
La démarche de ce peintre suit l’air du temps : nombre de peintres plantent leur chevalet sur le motif en France, se rendent pour certains en Italie ou en Hollande. Mais au cours de la première moitié du 19ème siècle les paysagistes commencent à découvrir par leurs propres yeux d’autres contrées plus lointaines : l’Orient.

Cet Orient n’est plus seulement rêvé ou fantasmé, ces artistes, peintres, poètes, écrivains en respirent enfin les senteurs et en rapportent des carnets de voyages.
Félix Ziem est l’un de ces pionniers.

Au cours de plusieurs longs séjours, il réside à Istanbul, Beyrouth, au Caire, Venise et parcourt la Vallée du Nil, la Tunisie et l’Algérie. Il aime plus que tout les villes d’eau, calmes et paisibles où voguent mollement les caïques ou les gondoles. Ziem apprécie les ciels bleus ou crépusculaires sur lesquels se découpent les silhouettes des fins minarets des mosquées ottomanes ou les campaniles vénitiens et les voilures des vaisseaux de haut-bord.
Les pages de ses carnets de voyages effectués dans les années 1850-1860 se couvrent d’aquarelles, de dessins au crayon ou à la plume auxquels s’ajoutent des pochades peintes sur des petits panneaux de bois ou de carton.
Il note ses impressions orientales par de petites touches colorées, vives et libres.

De retour en France, il décore ses ateliers de Paris et de Martigues d’objets orientaux. Il entreprend même la construction d’une « petite mosquée » pour y aménager ce dernier. Il y recompose tranquillement ses grands tableaux d’une facture lisse, toujours des paysages, parfois animés de petites silhouettes, très appréciés des amateurs raffinés de l’aristocratie européenne.

Ses oeuvres classiques, officielles et parfois répétitives s’invitent dans les salons des plus belles demeures parisiennes et feront naître chez les Occidentaux le désir de s’y rendre par eux-mêmes.
Variations sur le même thème, vues de Venise et d’Orient, près de 3000 peintures sont recensées.

L’important pour Ziem, ce sont les effets de la lumière miroitante sur l’eau à toutes les heures du jour. Ses toiles « impressionnistes » constituent le fonds d’atelier gardé secrètement par l’artiste tout au long de sa vie.

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