Jacques Villeglé : la Comédie Urbaine

Le Centre Pompidou présente la première grande rétrospective en France de l’ œuvre de Jacques Villeglé, artiste français majeur aujourd’hui âgé de 82 ans, qui a su développer, dès 1949, à travers l’usage presque exclusif d’un matériau unique – l’affiche lacérée – une œuvre foisonnante et d’une étonnante richesse formelle. Du 17 septembre 2008 au 5 janvier 2009.

Cette exposition, qui rassemble plus d’une centaine d’oeuvres des années 1940 à nos jours, aborde de manière thématique le parcours de l’artiste depuis l’éclatement typographique et les grandes compositions abstraites colorées des débuts, jusqu’aux récentes juxtapositions rythmiques issues d’affiches de concerts.

Revendiquant la position du flâneur, Jacques Villeglé n’est pas un auteur de «ready-made», même s’il n’intervient pas (sauf par de rares «coups de pouce») sur les affiches qu’il prélève dans les rues pour les maroufler sur toile. Son travail consiste plutôt à laisser émerger du chaos urbain les beautés cachées dans les épaisseurs de papier déchiré par des mains anonymes, qui ont parfois aussi écrit sur les affiches ou les ont maculées.

L’oeuvre de Villeglé est un formidable sismographe de nos «réalités collectives» telles qu’elles sont distillées par l’espace urbain dont l’histoire nous est restituée à travers celle, singulière, de ses murs.
Elle révèle à quel point notre regard est conditionné par cet environnement visuel quotidien, et réactive notre mémoire de façon critique, mais aussi ludique.

Au croisement de mouvements aujourd’hui «historiques» tels le Nouveau Réalisme, le Lettrisme ou l’Internationale Situationniste, le travail de Villeglé, ancré dans l’actualité, est aussi salué par les jeunes générations.

L’autre pôle d’intérêt développé par Jacques Villeglé est son «Alphabet socio-politique», qui a donné lieu à un ensemble de travaux (panneaux, toiles, ardoises d’écoliers…) réalisés à partir d’un vocabulaire de lettres détournées telles qu’on peut les trouver dans les graffitis (comme le A encerclé d’«anarchiste» par exemple). Ces oeuvres sont évoquées comme un cheminement parallèle aux affiches lacérées.

La production filmique expérimentale de l’artiste est également intégrée au parcours de l’exposition. Elle témoigne notamment des équivalences sonores de son travail plastique, puisqu’Étude aux allures (1950-54) a pour bande-son une oeuvre de musique concrète de Pierre Schaeffer, et Un Mythe dans la ville (1974-2002), une oeuvre du poète Bernard Heidsieck. Cet intérêt pour la musique se retrouve dans une série récente d’affiches sur le thème des musiques amplifiées, réalisée en collaboration avec l’Atelier d’Aquitaine, structure de travail informelle fondée en 1997 pour la collecte en équipe d’affiches dans diverses régions de France. Il se manifeste encore dans les expériences de confrontation d’oeuvres de Villeglé avec des compositions musicales, comme celles de Pierre Henry, avec lequel il a collaboré à trois reprises et qui propose, à l’occasion de cette exposition, une création inédite en concert.

Un catalogue, sous la direction de Sophie Duplaix, est publié aux éditions du Centre Pompidou. Cet ouvrage réunit notamment des textes de Laurence Bertrand Dorléac, Catherine Francblin, Fanny Schulmann, Arnaud Labelle-Rojoux, Roxane Jubert…

Centre Pompidou

75191 Paris cedex 04
tel : 00 33 (0)1 44 78 12 33
Exposition ouverte tous les jours, sauf le mardi, de 11h à 21h

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