» La Fabrique des rêves  » De Chirico – Musée d’Art Moderne de Paris (75)

Giorgio de Chirico est un artiste italien, né en 1888 en Grèce et qui peut être définit comme un peintre métaphysique. D’abord rejeté par les peintres surréalistes, il fut admiré pour son ingéniosité et son travail hors du commun. Il vécut presque centenaire, léguant à ses contemporains, une nouvelle idée d’une peinture simultanément abstraite et figurative.

Le Musée d’Art Moderne de la ville de Paris consacre une exposition rétrospective, du 13 février au 24 mai 2009.
Avec plus de 170 toiles, sculptures, et archives, nous redécouvrons le Maître.

Chirico grandit dans un univers qui fit émerger sa vocation.
Son père était amateur d’arts, il l’inscrivit à l’institut polytechnique d’Athènes où il recevait des cours de dessin et de peinture.
Désireux d’apprendre, il fréquenta l’Académie des Beaux Arts et étudia les ouvrages de Nietzsche et de Schopenhauer.

Le parcours de cette exposition couvre l’ensemble de la carrière de Chirico qui fut scindé en deux.

Chirico : Un peintre « énigmatique »

Dès le début du XXe siècle, le peintre créa des tableaux énigmatiques, d’inquiétants paysages déserts, des passants figés dans des situations rocambolesques tels que La Gare Montparnasse ou la mélancolie du départ ; 1914, Enigme d’un soir d’automne ; 1910 ou Méditation matinale ; 1909. D’une signification impénétrable, ces compositions sont sujettes à une infinité d’interprétations. Jusqu’en 1917, l’homme ne cessa de peindre, avec une apparente simplicité, mais avec prémonition, suggestion et mystère. Les perspectives sont déstabilisantes. Le spectateur ne sait plus où il est, devant un tableau, dans une maison, près de la mer ou en face d’un rocher. Les horizons sont bas, lointains, tandis que les objets en premiers plans sont disproportionnés, incongrus comme dans Le Chant d’amour, 1920.

L’inquiétude du poète, est l’œuvre la plus emblématique de cette période : un objet, la banane, rencontre une femme, objet de désir, symboles d’érotisme, opposésau train en partance que l’on retrouva dans nombres de ses œuvres.

En 1915, les frères Chirico rentrèrent en Italie. Mobilisés, ils furent affectés dans un hôpital. Chirico fut fasciné par la beauté de « la ville carrée » associant mysticisme et perspectives architecturales. S’en suit une série où évoluèrent des mannequins orthopédiques, sans yeux, sans visages, mais enclins aux émotions avec Hector et Andromaque, 1924 ; Les archéologues, 1927.

Au printemps 1934, l’artiste réalisa dix lithographiques pour illustrer le livre de Jean Cocteau Mythologie. Il y développa un nouveau sujet avec Les bains mystérieux. Ces œuvres sont étonnantes de par leur graphisme, mais aussi par le contraste entre les grattes ciels de la ville et l’activité des personnages.

Chirico : Un peintre « métaphysique »

C’est à partir de 1940 que la deuxième partie de sa carrière émergea. Il multiplia les répliques de ses tableaux métaphysiques. Il prit à contre-pieds les idées reçues sur l’évolution de l’artiste et la notion du chef d’œuvre. Ce revirement suscita indignation et incompréhension. Ses défenseurs, tels que Breton devinrent ses détracteurs. Cependant, Chirico réinterpréta non pas avec nostalgie, mais avec ironie ses toiles antérieures tels que Hector et Andromaque, 1942 ; Place d’Italie, le Grand jeu, 1968.

Enfin, en 1960, le peintre conjugua poétiquement les motifs du ciel et de la lune, comme dans Calligramme de Guillaume Apollinaire. Ces peintures seront les plus proches du surréalisme et rappelleront avec grâce le style de Magritte et de Dali.

En sphinx de l’art moderne, Chirico s’appropriaet se réappropria toutes les formes, tous les objets, jusqu’à ses propres tableaux, explorant la réalité et l’imaginaire, en jouant avec notre perception. Ne revendiquant aucune étape, ni transition, l’artiste ne cessa de dresser de nouvelles énigmes aiguisant notre curiosité et notre sens visuel.

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