Le La, de Julien Baer

La chanson de Julien Baer semble dessinée d’une plume vive et légère sur un fond d’aquarelle, à la fois mélancolique et enjouée, dansante et grave. Elle s’appelle Le La et elle donne son titre au quatrième album de Julien Baer qui sort aujourd’hui.

Après Le monde s’écroule, qui l’a révélé il y a presque douze ans, ce styliste qui n’œuvre qu’en franc-tireur, a pris son temps depuis Notre-Dame des Limites, son précédent album.

Il n’a pas pris le plus court chemin. Pianiste de bar aux Trois Mailletz , il est arrivé lentement à la chanson, constituant une œuvre hors norme avec trois albums bouleversants et subtils : Julien Baer en 1997, Cherchell en 1999 et Notre-Dame des Limites en 2005.

Pour ce nouvel album, il a enregistré, réenregistré, trié et retrié encore dans toute la matière enregistrée pour en sortir onze chansons infiniment élégantes.

Avec Jean Lamoot (qui a réalisé des disques d’Alain Bashung, Têtes Raides, Juliette Gréco, Salif Keita, Dominique A, Noir Désir…), Julien Baer a passé des semaines au studio Ferber à Paris, s’est échappé à Bamako pour dépayser ses chansons et ses humeurs…

Et son album lui ressemble, entre discrétion et impudeur, entre non-dit et réalisme. On y entend de rudes impressions d’artiste (Concert amer), d’acides visions du quotidien en 2009 (L’Immobilier, Pends-le haut, pends-le court), des plongées dans l’envers des sentiments (Sept heures et demi, Douanier, Cité), tout un lexique de pastels et d’aveux voilés qui dessinent un autoportrait en clair-obscur.

Car Julien Baer est discret. Un discret paradoxal : il n’aime pas beaucoup parler de lui et roule sur une grosse moto au caractère bien trempé ; il ne goûte pas l’exercice de la confession publique et se dévoile partout dans son album.

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