Persepolis à l’affiche

Persepolis est un film d’animation signé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud adapté de la bande dessinée du même nom créée par Marjane Satrapi. Présenté au festival de Cannes 2007, il a gagné le Prix du jury.

Les souvenirs d’une jeune femme iranienne sont racontés à travers des dessins en noir et blanc ainsi qu’en une variété de gris dégradés pour ne pas fatiguer la vue des spectateurs. Ces couleurs et la forme des dessins contrastent avec la représentation idéalisée, colorée et détaillée que les peintres occidentaux de la fin du XVIIIème siècle faisaient du Proche Orient. Les formes épurées des dessins de Marjane Satrapi pourraient s’apparenter à une représentation consciente ou non de l’interdiction aux femmes de montrer leurs formes sous le régime islamiste. Nous noterons par exemple le cours de dessin de nus réalisé avec un modèle entièrement vêtu mis en scène dans le film. Cependant dans une interview de cuverville.com faite en juillet 2005, la dessinatrice donne d’autres raisons du choix des couleurs et des formes dans son travail : « Dans la bande dessinée, contrairement à l’illustration, les dessins font partie de l’écriture. Ils ne viennent pas accompagner un texte déjà existant, les deux fonctionnent ensemble. A ma connaissance c’est le seul médium qui marche comme ça. Et si vous ajoutez de la couleur, des décors ou autres, ce sont des codes supplémentaires qui changent le rythme de lecture du livre. Voilà donc une première raison pour laquelle je choisis le noir et blanc : parce que mes histoires sont souvent très bavardes, et si le dessin est lui aussi très bavard, cela peut devenir excessif. J’essaie d’obtenir une harmonie, je mise sur l’expression et préfère zapper le reste, les choses vraiment secondaires. » A la diffrérence du style plastique, le langage est loquace, caractérisé par un humour féroce. Il prend une place très importante dans l’oeuvre car c’est le medium utilsé pour faire vivre la mémoire, les souvenirs : « …l’essentiel de mon boulot, c’est de me souvenir comment je ressentais les choses quand j’avais six, dix ou treize ans. Parce que je trouve beaucoup plus intéressant que le livre évolue avec mes sensations d’alors plutôt que de faire semblant en tant que femme de 31 ans. » Le film laisse apparaître une société complexe, capable de rire de ses propres contradictions, courageuse et critique mettant en évidence la fragilité de la liberté. Beaucoup d’entre nous découvrent l’histoire iranienne et la culture de cette société souvent méconnue en rappelant que la lutte contre l’ignorance et l’intolérance est continue. Persepolis est un film à ne pas manquer.

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