Rencontre avec Mael Sevestre, réalisateur

Maël Sevestre, 24 ans, originaire de la région d’Annecy, a intégré l’école des Gobelins et est désormais responsable d’un studio vidéo au sein d’une agence de communication. Il nous livre aujourd’hui son retour d’expériences suite à sa participation au concours international Philips Parallel Lines.

Bonjour Maël, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le concours international Philips Parallel Lines ?

Bon, le concours est terminé depuis maintenant un petit bout de temps mais lançons nous.
Dans le cadre d’une grosse opération Marketing pour promouvoir leur nouvelle télévision, la marque Philips a lancé un grand concours de court métrage international.
Le but était de réaliser un film de moins de 3 minutes selon la contrainte folle : 6 lignes de dialogues uniquement, imposées par le concours, à placer dans un ordre précis.
What is that ? / It’s a Unicorn / Never Seen One up close before / Get Away ! Get Way ! / I’m Sorry
ce qui en français donne :
Qu’est ce que c’est ? / C’est une licorne / Je n’en avais jamais vu une d’aussi près avant / Va t’en Va t’en ! / Je suis désolé

Pour s’assurer la participation des vidéastes et réalisateurs, Philips s’est associé à Ridley Scott comme Jury du concours.
De cette manière, adieu la rigolade. Avec Jury pareil, il fallait sortir l’artillerie lourde et faire du beau film pour avoir peut être la chance d’être vu par Ridley Scott.
Le gagnant du concours gagnait un stage d’1 semaine dans la boite de prod de ridley scott (et les finalistes des téléviseurs).

Vous avez réalisé un court métrage intitulé « La Nuit de l’Alchimiste » afin d’y participer, qu’attendiez-vous de ce concours ?

Il faut savoir que je ne suis pas addict des concours de ce type. La contrainte était grande, mais la présence de Ridley Scott changeait tout. Forcément on rêve que son film se fasse remarquer et du coup, on fonce tête baissée.
Avant toutefois de se lancer dans le concours, on a estimé à la va vite le nombre de participants, environ 50 selon nous. Mais la popularité du concours nous a échappée et au final c’est pas moins de 300 (!!) films qui ont été proposés. Dont des films de vraies sociétés de productions (avec budget) et matos / FX de folie.
Malheureusement le film n’a pas été sélectionné dans la shortlist Philips, mais bon, l’expérience était géniale et ca m’a encore motivé d’avantage pour monter d’autres projets !

Concernant « La Nuit de l’Alchimiste », pouvez-vous nous en dire plus sur ce court-métrage ?

Toujours selon le concours, nous nous sommes dit qu’il était original de ne pas faire un film qui se déroule à notre époque mais plutôt d’aller là où la « concurrence » n’irait pas : c’est à dire un film historique. Heureusement la région d’Annecy est riche en décors médiévaux du coup, on partait avec l’avantage de pouvoir shooter en décors réels. Je suis également passionné de fantastique et très vite on a pris l’initiative d’en ajouter dans le scénario.

Vu qu’il s’agissait d’un concours à but marketing, on a réfléchi sur la manière de mettre en avant les propriétés de téléviseurs (fort taux de contrastes/Ambilight). On a donc pris le parti de placer notre histoire de nuit et de jouer avec un personnage original, qui n’est rien d’autre que de la lumière elle même.
De nombreuses réunions, des recherches sur les mythes et les croyances, des dessins, des idées et poum ! L’Alchimiste est né.

Le pitch :Une terrible malédiction s’empare de la lune et la fait petit à petit disparaître. Un alchimiste va alors tout tenter pour sauver celle-ci au prix de tous les sacrifices…

Est-ce votre premier court-métrage ?

C’est mon premier “vrai” court métrage. J’ai déjà fait des films avec des amis, mais pour la première fois c’est une vraie entreprise qui s’est montée, avec de vrais techniciens du cinéma, et j’ai dû travailler avec tous les corps de métiers (pour faire simple, je n’avais jamais travaillé avec un chef opérateur, des électros, des régisseurs, une équipe déco, des costumières ….). Du coup j’ai énormément appris de ce projet.

Qui a participé à la réalisation de ce court-métrage ?

Tout à commencé de l’idée. Nous étions alors 4-5 amis à avoir réfléchi au scénario sans se brider au niveau des idées.
Après nous nous sommes assis autour d’une table, on a relu le script et là on s’est dit : “Euuh, comment on va faire pour réaliser ce film en 2 mois ?”
Le challenge était quand même assez important : Il fallait trouver des acteurs, des chevaux, des châteaux,  des costumes, une équipe technique, un tournage 100% de nuit, avec des effets spéciaux, et surtout, sans le moindre argent.
On en a tous parlé à notre réseau, à des amis d’amis, sur facebook , et petit à petit, les gens ont été intéressés par ce projet un peu fou et de 5 on est passé à 10, de 10 à 30, et de 30 nous sommes arrivés à plus de 50 personnes qui ont accepté de travailler sur le projet bénévolement.
J’ai pu rencontrer des costumières qui ont pendant leur temps libre travaillé sur les costumes, j’ai pu être présenté à des responsables d’écuries à qui j’ai présenté le projet …
Petit à petit on arrivait à des résultats, la ville d’Annecy nous autorisait à tourner en pleine vieille ville (en coupant la lumière), le Château de Torrens-Glière nous donnait l’autorisation de venir tourner chez eux… On s’est tous serré les coudes et on est arrivé à tout réunir sans débourser trop d’argent. Forcément on a eu des coûts de logistique, que ca soit pour le déplacement, la nourriture, un peu de matériel, mais rien de comparable à ce qu’aurait coûté le court métrage si on avait dû payer tout le monde.
Au final, j’ai rencontré énormément de monde pendant cette période et je travaille encore avec certains d’entre eux, mais cette fois pour des clients réels.

Avez-vous d’autres projets ?

Plein de petites idées mais rien de concret à l’heure actuelle.

Quel regard portez-vous sur le cinéma en France ?

Mmm, question difficile et il y aurait tellement de choses à dire.
Pour me restreindre au domaine du court-métrage, je dirai que je suis ébloui par la qualité des films qu’on trouve aujourd’hui en France. Je serai heureux de retrouver un court  avant les longs au cinéma, et si on remettait ce système en place, le modèle économique du court métrage s’en tirerait mieux.

Avec qui aimeriez-vous travailler ?

J’adorerais travailler avec Shane Acker dont le court métrage “nine” m’avait impressionné. J’ai adoré l’univers et la manière de structurer son intrigue sans dialogue.

Quel est votre film préféré ?

Edward aux mains d’argent de Tim Burton. J’adore la poésie qui se dégage de ce film.
Il est plein de petites coquilles, mais cela amplifie le charme de l’histoire pour en faire un vrai conte moderne.

Un mot pour conclure ?

Encore une fois j’aimerai remercier toutes les personnes qui ont participé au projet de “La Nuit de l’Alchimiste” car sans elles, il n’y aurait pas eu de film.
Et j’espère les retrouver dans de futurs projets !

 

Maël, la Rédaction de Lartino vous remercie pour le temps que vous lui avez accordé.

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