The National Gallery présente l’exposition « Picasso, Challenging the past » du 25 février au 7 juin 2009. C’est l’occasion de visiter la capitale londonienne, mais aussi d’en apprendre davantage sur le Maître espagnol, et ses soixante œuvres réunis.
Comme son nom l’indique, le parcours se voulait différent des récentes expositions françaises et désirait axer notre regard sur la manière dont Picasso a utilisé l’art du passé, source d’énergie et d’innovation. S’inspirant d’artistes européens, Greco, Vélazquez, ou Rembrandt, et Cézanne, le peintre souhaitait confronter sa propre vision. Dialogues, affrontements, oppositions, émergent des toiles.
L’exposition s’articule en plusieurs sections thématiques : « Autoportrait », « Les muses nues », « Personnages et archétypes », « Modèles et muses », « La nature morte » et « Les variations ». Contraste entre les oeuvres du musée et celles de Picasso.
Parcours de l’exposition » Picasso, Challenging the past »
L’Autoportrait de l’artiste fut une constante de la Renaissance Européenne, avec Rembrand, Self Portrait at the Age of 63 (1669) ou Paul Cézanne, Self Portrait (1880). Depuis le début de sa carrière, Picasso n’aura cessé de questionner son propre corps en le recréant de façon incongru ou disproportionné.
L’artiste fut également un grand séducteur qui aimait les femmes autant qu’il les représentait. Au début de sa carrière, il peignait des femmes nues pendant leurs toilettes. Ce thème fut récurrent puisqu’il lui servit d’expérience pour sa période cubiste. Il représenta Marie Thérèse Walter et Jacqueline Roque, toutes deux furent ses compagnes. Les formes sont sensuelles pour ne pas dire sexuelles et il ne s’en lasse pas.
Picasso était attiré par les portraits et notamment les personnages. Il explora le sujet et admira El Greco. Il s’intéressa aux mousquetaires du XVIIe siècle, les détournant humoristiquement. Il les transforma, changea ainsi l’idée d’une masculinité et donc, par logique, son propre regard sur lui-même.
Les modèles et les muses est une salle importante de l’exposition puisque la femme a joué un rôle indispensable dans sa vie. L’artiste créa des femmes tantôt aux formes voluptueuses, parfois réelles, parfois imaginaires, tantôt à l’aspect sec et lointain. Goya, Corot et Ingres furent sa source d’inspiration.
La partie présentant les natures mortes met en lumière le curieux dialogueavec Chardin, Goya, Delacroix ou Cézanne. Ses créations sont le reflet du cubisme, et l’on retrouve les formes distillés et géométriques.
L’exposition se clôt par l’apogée de Picasso : son intérêt pour les variations de tableaux de maîtres. Entre 1954 et 1962, l’Espagnol créa des tableaux reprenant notamment La Femme d’Alger de Delacroix (1834) ou bien encore Les Ménines de Vélazquez (1656). Il en produisit quinzepour le premier et cinquante pour le second. Il reprit Le déjeuner sur l’herbe de Manet (1863) en centaines de dessins, de peintures et sculptures. Ces variations permirent une réadaptation et une réaffirmation des portées psychiques des œuvres. Picasso a su moderniser leur ensemble pour les faire « parler » autrement.
A la fin de sa carrière, Picasso affirma ses racines dans l’art classique et ancien, mais en préservant sa modernité et son éclectisme. C’est avec passion et idéologie, intelligence et exubérance qu’il sut saisir chaque parcelle de notre âme, se reflétant dans la multiplicité de ses œuvres.