« Soulèvements – Jean-Jacques Lebel » – Maison Rouge (Paris)

Située à deux pas du quai de la Bastille, la Maison Rouge, lieu éclectique d’art contemporain, met en scène Jean-Jacques Lebel, artiste aux multiples facettes, jusqu’au 10 janvier 2010…

Jean-Jacques Lebel

Artiste éclectique, pas forcément de ceux qu’on étudie sur les bancs de l’école, Jean-Jacques Lebel est un homme incroyable de sincérité et de force.

Né en 1936, il garde en lui une révolte conjointe à nombre d’entre nous. Plasticien, écrivain, créateur de manifestations, son univers regorge de surprises et de talents.

A l’époque, il fait des rencontres importantes à New York avec Marcel Duchamp et André Breton. Il est adopté intégralement par la famille des surréalistes.

Il est l’auteur du premier happening européen, à Venise, intitulé L’enterrement de la chose,1960. Il en réalise encore après et collabore avec de grands noms, Nam June Paik, Filliou, Erro, Yoko Ono, Kaprow,…

Il crée de nombreuses manifestations, Le festival de la libre expression ou Le festival international Polyphonix.

A l’âge de soixante-treize ans, il se veut engagé et révolutionnaire comme au premier jour, continuant de marquer les esprits.

Pendant que l’art contemporain s’enlise dans l’idée d’un argent facile et médiatique, Jean-Jacques Lebel fait partie des quelques artistes prônant l’art et la vie, comme indivisibles.

A la Maison Rouge

La Maison Rouge expose l’oeuvre de Jean-Jacques Lebel autour d’un terme  » Soulèvements « . Cette exposition se veut éclectique puisqu’elle recense plus de trois cents créations de l’artiste mais aussi de ses compères, Picasso, Picabia, Artaud,…

Les soulèvements signifiés font référence à la poésie, à la politique, de plusieurs façons. L’accrochage est construit sur plusieurs thèmes, chers à l’artiste.

Parmi eux, on découvre dès notre entrée, Hommage à André Breton, composée de marteaux, de sacs, accrochés au plafond… Il faut oser s’aventurer, et faire confiance en l’homme… Et si le ciel (ou plutôt les objets) nous tombait sur la tête ?

Cela donne le ton. Celui d’un insurgé que rien n’arrête.

Les avatars de Vénus, oeuvre projetée, qui présente les métamorphoses de femmes, sculptures, peintures, humaines, est impressionnante. On déambule, interloqués par le mouvement qui se créer.

La partie  » Dada soulève tout  » montre la tendresse qu’éprouve l’artiste pour ce mouvement. En témoigne l’affiche de 1962, Mon coeur ne bat que pour Picabia…

L’ensemble est sexuel, intime, parfois même vulgaire. Reliquaire pour un culte de Vénus montre l’intimité de nombreuses femmes, du romantisme au pornographique. Des dessins et peintures de Picasso, Otto Dix, Grosz sont spontanément accrochées, sur le même sujet.

Enfin, sincère et authentique, la dernière salle est consacrée à Antonin Artaud, artiste maudit, qui fut interné neuf ans en hôpital psychiatrique. Jean-Jacques Lebel a recrée la chambre de l’asile où il vécut, à Rodez en 1943. Des photographies le montrent victime d’électrochocs, l’ensemble est poignant, choquant mais humain.

Il faudrait des heures, des journées entières pour discuter de la carrière, des créations de Jean-Jacques Lebel. Miraculeuse est cette exposition qui le présente à un public plus vaste, moins frileux et envisage l’ensemble de son oeuvre comme un monumental hommage à la vie, en dépit des interdits et des censures.

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