» Suzanne Valadon – Maurice Utrillo  » à la Pinacothèque

Suzanne Valadon, Maurice Utrillo… Un couple mère/fils qui prône leurs différences tant par leurs personnalités que par leurs atouts artistiques. La Pinacothèque (Paris) propose une exposition jusqu’au 15 septembre, retraçant leurs œuvres, autour d’une centaine de tableaux…

L’accrochage de la Pinacothèque se veut jouissif et ludique. Il propose un parcours, sillonné de contrastes et de comparaisons entre les deux artistes, Suzanne Valadon et son fils Maurice Utrillo.

Leur histoire …

Suzanne Valadon et Maurice Utrillo formaient un couple « atypique » d’artistes plus ou moins maudits. L’un sans l’autre, ils ne pouvaient exister, leur lien étant indéfectible. Il est intrigant de voir que ce fut la déchéance du fils qui déclencha la créativité débordante de la mère.

Suzanne naît en 1865, d’un père inconnu. Elle fréquenta les milieux modestes, et fit ses premiers pas dans le monde artistique en devenant acrobate. Suite à un accident, sa carrière s’arrêta et elle se tourna vers la peinture. Muse puis maîtresse de Renoir, ou de Toulouse Lautrec, elle ne fut guère encouragée par ces derniers.

Elle mit au monde Maurice en 1885, né d’un père inconnu lui aussi. Très dissipé, le jeune garçon devint alcoolique très tôt et se perdit dans les méandres de ses vices. Il se lia d’amitié avec le jeune André Utter, qui l’encouragea à peindre. Mais ce répit fut de courte durée lorsque sa mère fréquenta son ami, de vingt ans son cadet. Il fut alors interné, jusqu’à sa rencontre avec son épouse Lucie Valore. Cette sérénité amoureuse le stabilisa.

Leurs existences ne furent qu’un grand chassé croisé d’émotions et de coups de pinceaux.

L’exposition

Maurice peignait des paysages. Rapidement, sa palette composa Montmartre, et ses ruelles. Les cafés, les ginguettes, émergeaient des toiles, aux couleurs pâles. Sa période blanche (1910-1916) montraient ciel, sols et murs d’une unique couleur crayeuse. Aux perspectives cassées, et aux personnages effacés, Maurice nous livre un tableau de paysages hivernaux et tourmentés. Ancré dans une réalité dure et mélancolique, le peintre, qui ne sortait plus de chez lui, reprit des paysages de cartes postales.

A comparaison, Suzanne peignait des paysages aux couleurs chatoyantes, reflétant la joie de vivre. Des bruits des cigales, une sensation de chaleur, ressortaient de ses œuvres. Son style rappelant les Nabis, se nourrit de portraits, de nus soulignés d’un épais trait noir. La femme représenta la vie dans un souci d’esthétisme. Ses couleurs sont chaudes et illuminées, des compositions florales aux natures mortes. Expressives et fortes, ses créations contrastent avec celles de son fils, muées de poésie mais de désespoir aussi.

L’exposition montre la filiation entre les deux artistes, qui semblaient vivre dans deux mondes différents. L’un se cachant dans l’ombre de l’autre, leurs regards ne cessèrent de se croiser. L’accrochage se veut simple et montre avec brio les caractéristiques de leurs œuvres. Suzanne, Maurice… une vie à toute épreuve, entre impressionnisme et avant-garde.

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