» Otto Freundlich  » – Musée Tavet-Delacour (95)

En pleine région parisienne, dans le vieux Pontoise, se trouve le musée Tavet-Delacour qui propose une très jolie exposition sur l’artiste Otto Freundlich du 23 mai au 27 septembre.

Une histoire…

Si ce nom ne vous dit rien, ne vous étonnez pas… Cependant son talent n’a d’égale que sa discrétion et c’est dans la mouvance de ces tableaux que vous saurez l’apprécier.

Considéré comme l’un des précurseurs de l’art abstrait, Otto Freundlich naît en 1878 en Allemagne. Sculpteur et peintre constructiviste, il fut décrié, par la modernité de son coup de pinceau, et perçu comme un « individu dégénéré« .

En 1908, l’homme occupait un atelier du Bateau Lavoir où il fit la connaissance d’artistes, parmi Georges Braque, Guillaume Apollinaire, Picasso… Hans Richter disait de lui qu’il a été « le tout premier peintre et sculpteur abstrait allemand ».

Après la révolution de 1918, Freundlich s’engagea politiquement, il fut rapidement proclamé créateur de l’art non figuratif, en participant aux expositions d’Abstraction Création, ou Cercle et Carré, avec Kandinsky notamment. En 1919, il organisa l’exposition Dada avec Max Ernst.

C’était un homme traqué, qui a du se réfugier à de nombreuses reprises chez des particuliers. Il fut dénoncé, et arrêté le 23 février 1943, et déporté en Pologne où il fut tué.

Une exposition…

L’accrochage présente de nombreuses oeuvres de Freundlich. Vitraux, mosaïques, peintures, gravures, pastels, tant de médiums qui font de le lui un artiste hors pair, maniant avec dextérité toutes les techniques. Ses créations se veulent jouissives, colorées, intenses, avec sa série Composition, plus expressionnistes avec Les signes, 1919, gravures sur zinc.

Ses toiles sont parfois de grand format, Peintures à la cire sur fibrociment », 1937, 248x100cm (x2), parfois inachevées comme Composition inachevée, 1940, gouache sur papier.

Certaines oeuvres sont merveilleuses, La rosace, 1941, gouache sur carton ; Mon ciel est rouge, 1933. Elles rappellent sans conteste les travaux deDelaunay, le cubisme de Picasso, le futurisme, mais aussi le fauvismepar ses couleurs franches et tranchées.

Hommage aux peuples de couleurs, 1935, tempera sur papier marouflé, est un appel contre le racisme, et la xénophobie raciste. Freundlich fut soutenu par Arp, Delaunay, Braques, Kandinsky, Picasso, Tauber-Arp, Ernst… Certains artistes comme refusaient de peur de mettre en péril la vie de leurs familles restées en Allemagne.Paul Klee Freundlich peigna aussi des compositions figuratives, Composition avec trois personnages, 1911/1940, gouache sur papier ; Le rêve d’Egmont, 1915, encre sur papier ; Mort d’un jeune homme, 1911/1942, gouache sur papier.

De cette exposition, on ressort avec un goût acidulé, perception des couleurs, des sucreries de ses toiles, de la légèreté et du travail de géométrie, de son idée de la vie, dans l’abstrait et loin des oeuvres traditionnelles mais avec le regret que cet homme, ô combien talentueux, n’ait pu avoir la digne vie qu’il aurait mérité, loin de la pauvreté et de la cruauté humaine…

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