« Raoul Dufy, du plaisir » – Musée d’art Moderne de Paris (75)

Raoul Dufy, mais qui fut ce peintre, cet artiste encore inconnu pour bon nombre d’entre nous ? Rares sont ceux qui estiment et reconnaissent en lui, la valeur et l’intensité de ces œuvres. Car œuvres il créa et ce, tout au long de sa vie.

Voilà pourquoi, le musée d’Art Moderne de Paris a rendu hommage à cet homme d’exception en proposant une grande rétrospective (du 17/10/2008 au 11/01/2009) autour de ses créations. Peintures à l’huile, aquarelles, textiles, gravures mais aussi céramiques composaient cette rencontre totalement inattendue.

Dufy est d’ailleurs ici largement représenté, comme en témoigne la monumentale « Fée électricité », installée dans l’une des salles du musée. Magnifique fresque sur 600m², de 250 panneaux dont les couleurs palpitent et nous donnent le vertige.

L’exposition se voulait pédagogique et chronologique nous permettant de mieux cerner le personnage, qui fut apprécié de son vivant (1877-1953), mais assez décrié par la suite. En 1946, Gertrude Stein, collectionneuse, disait de lui « Raoul Dufy est plaisir », d’où le titre de la manifestation, en référence au chatoiement de ses couleurs et à sa joie de vivre.

Sa trajectoire artistique faisait de lui, un artiste à part. Ses premières créations n’étaient pas particulièrement bonnes mais il persévéra, cherchant bien au-delà, une palette de couleurs exquises flirtant avec l’impressionnisme, mais aussi le cubisme. Cézanne le guida pendant quelques années avant que Dufy ne trouve sa propre voie, un style décoratif et original.

Etaient ainsi exposés plus de deux cent cinquante œuvres, des fauves jusqu’aux cargos noirs, en passant par de nombreux thèmes : les baigneuses, les vues d’ateliers, les bords de mers,… mais aussi des créations liées à l’art populaire. En effet, Dufy illustra un ouvrage d’Apollinaire, d’après des livres médiévaux. Son éclectisme artistique ne s’arrêta pas là : il dessina des tissus, des esquisses pour des maîtres de la mode tel le couturier Paul Poiret. Il créa aussi des objets en céramiques, des paysages, mais aussi des aquarelles, douces et irrésistibles, dont les couleurs parfois semblaient émergées de nulle part. Un rose soutenu dans une composition d’un monument arabe, il fallait oser, entend-on d’un visiteur.

Et oser est sûrement le verbe qui se conjugue le mieux avec la personnalité de notre homme, totalement en phase avec son temps alliant fraîcheur, insolence et luminosité ! Ses recherches artistiques le poussèrent à émerger et à faire valoir de nouvelles techniques de représentation. Il aimait l’art décoratif et peignait non pas avec une naïveté, mais une grande douceur tel un poète qui récitait son art.

Cette rétrospective nous fit émerger pendant presque deux heures dans un monde peuplé d’une humanité idéale, se gardant de « tenir le malheur à distance », souligna Dufy et c’est avec effectivement, « du plaisir » que nous nous sommes laissés guider…

Post author

Laisser une réponse