« Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis » – Musée Maillol (75)

Séraphine Louis dite Séraphine de Senlis (1864-1942) est le nom d’une artiste, désormais mieux connue grâce au film « Séraphine » réalisé par Martin Provost en 2008 et porté par la remarquable Yolande Moreau dans ce rôle.

Le Musée Maillol émit le souhait de permettre à nombre d’entre nous d’appréhender son oeuvre en proposant une exposition de dix sept oeuvres « habitées » du 1er octobre 2008 au 30 mars 2009.

Etrange et improbable artiste que fut Séraphine. En effet, son parcours professionnel (femme de ménage) ne laissait pas envisager l’idée qu’elle puisse créer un jour. Mais l’on peut penser que de ces temps libres et de son ouverture d’esprit jaillissaient l’expression même de ces démons les plus profonds.
L’art telle une thérapie ? Il est probable qu’il le fut puisqu’à l’aube de ses quarante deux ans, l’artiste, tournée vers le mysticisme, entendit une voix qui lui « commanda » de peindre. Révélation profonde, proche de la fameuse nécessité intérieure dont parlait Kandinsky à propos de celui qui est gagné par le vrai désir de création.
Ce fut l’esthète et collectionneur allemand Wilhelm Uhde qui découvrit son talent, insoupçonné et sa personnalité. Il fut stupéfait par l’ampleur et l’intensitéde ses tableaux.

Séraphine de Senlis, artiste-peintre

Autodidacte, Séraphine réalisa elle-même ses pigments dontelle conserva le secret. Sa peinture représentait très souvent des compositions florales d’une extrème poésie et nuancée d’un tourbillon de couleurs. Ses oeuvres appelaient au primitivisme mais aussi à la modernité, à la puissance de représenter le monde dans l’inconscient libéré de l’académisme.

« Son geste vient d’en haut », la femme est poussée par l’obligation même de peindre, de soumettre ses pulsions au rythme du mouvement des pinceaux. Son art est partagée entre pathologie et embrasement de l’esprit. Il n’est pas rare de trouver l’expression de ses visions, au gré des oeuvres, comme le montre « L’arbre du paradis », 1929 ou encore « L’arbre de vie », 1928.

Sensible à la clartédes couleurs et des images, Séraphine reproduit l’incendie qui a enflammé la psychéde générations entières dans « Feuilles d’automne », 1928 ; « Les Chardons », 1920 ; « Les grappes de raisins », 1930 ou encore « Bouquet de fleurs sur fond rouge », 1925.

Pendant la première guerre mondiale, Wilhelm Uhde fut obligé de quitter la France et la jeune femme vécut dans la misère. Il revint cependant en 1927 et lui organisa des expositions, sans lesquelles son oeuvre serait restéeanonyme. Il voyait en ellela même force et ingéniositéque celle du Douanier Rousseau.

En 1934, la réalité rattrapa l’imaginaire : Séraphine sombra dans la folie. Elle fut internéejusqu’à sa mort, en 1942, privant ses contemporains d’une douce et exquise suite artistique.

Les toiles exposées au musée parisien nous permettent un voyage instable et chaotique dans l’univers original et fleuri de la jeune artiste, bordé de grands bouquets aux formes fantasques. S’animant et frémissant, comme révélée au vent, son oeuvre mérite une reconnaissance artistique contemporaine de par sa portée psychologique et le développement de l’art thérapie, qu’elle engendra.

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