Musée International d’Art Naïf – Vicq (78)

La conjoncture artistique du moment se veut révélatrice de nos besoins les plus intimes. A l’affiche, en ce moment au cinéma, le film « Séraphine » de Martin Provost, sorti en 2008, mais aussi l’exposition « Séraphine de Senlis »au musée Maillol.

Il n’en fallait pas plus pour élargir cette découverte, à la visite du Musée International d’Art Naïf de Vicq (78), lieu phare du mouvement.

Vicq, du latin « vicus » qui veut dire petit village, est entouré de maisons anciennes et de paysages vides. Peu de passants, mais de la vie, un sentiment de pudeur et de retenu, jaillit de l’ensemble.

Le musée ouvre ses portes à qui le veut, le désire, dans un élan de culture et de pédagogie. Il fut inauguré en 1973, dans la maison de campagne de Max Fourny et de son épouse, l’artiste peintre Françoise Adnet.
Leur but était de contribuer à la reconnaissance et à l’émergence de cet art, méconnu et délaissé.

Le Musée International d’Art Naïf

Franchissant le portail, le jardin nous invite provisoirement à nous arrêter, pour humer le doux parfum artistique qui s’en dégage. Arbres, petits chemins, oeuvres d’Art Naïf reproduit sur des murets, le tout amène à une sensibilité et à une clarté de l’esprit.
Faire le vide, souffler, prendre le temps de vivre, tels sont les conseils qu’il semble vouloir nous donner. Il nous propose une mouvance de l’imaginaire, rupture avec le réel permettant un état de transe et d’ouverture total.

Pénétrant ensuite dans le musée, les intérieurs séduisent. Ici, règnent les maîtres de l’Art Naïf et il est déstabilisant de prendre conscience de la richesse de chacune des toiles. Ce sont des créations qui abordent plusieurs thèmes : la nature, les arbres notamment (avec l’exposition « Auprès de mon arbre » jusqu’au 29 mars) mais aussi des portraits, des scènes d’intérieurs. Invraisemblable est le lien qui unit ces peintures, qui viennent de partout : France, Canada, Italie, Espagne, Allemagne, Belgique mais aussi Haïti, Afrique, Serbie-Montégnegro, Nigeria, ou Brésil.
Chaque oeuvre peut aborder un sujet anodin comme Jacqueline Benoît et ses chats, un peu mystique avec Nicole Meunier et ses éléphants colorés, ou bien encore joyeux tel que Diaz Rittwagen, « Playa de marzo » en 1987.

Ces trésors proviennent de quarante cinq pays différents et ont l’ingéniosité et l’originalité d’être diversifiés.
Acrylique, huile, gouache, crayon, aquarelle, broderie, collage, papier mâché sont autant de techniques improbables qui permettront de véritables chef d’oeuvres. C’est une riche mosaïque.

L’Art Naïf

D’abord décrié, l’Art Naïf vécut une véritable libération artistique depuis le siècle dernier. Les artistes dits naïfs sont pour beaucoup issus de milieux modestes comme Séraphine de Senlis. Souvent anonymes, ils préfèrent créer instinctivement et de façon autodidacte plutôt que de se conformer aux règles souvent exigus de l’académisme. Empirique et spontané, ce mouvement apparaît comme une révélation et un désir profond de lâcher prise avec la réalité.

A travers leurs dessins naïfs mais avides de sens, les artistes, pour n’en citer que quelques uns, Felicia, Mihailovic Dragan, Christine Robichon, Jean Lagarde, Françoise de Gail ou Horacio Ponce,  émettent en une profusion de couleurs, une joie intacte. Leurs oeuvres prêtent à l’imagination, à l’assouvition de désirs et de rêves car elles refusent de se soumettre à la moindre explication théorique. L’art Naïf vit de lui même et c’est les yeux pleins d’étoiles que l’enfantin voyage peut s’effectuer.

Post author

Laisser une réponse