Cyril Cé, photographe

Cyril Cé, photographe talentueux de 40 ans, est l’un des artistes qu’il ne faut pas rater cette année. Il accepte de se découvrir dans une interview pour nous parler de lui et de ses projets.

Après son exposition dAmers amers à la Chapelle des Pénitents  Bleus à la Ciotat, une programmation chez Oogie Life Store** est prévue en octobre prochain, sur le même thème.
Son amour des paysages de Marseille dégingandés a raflé les meilleures critiques de la part du public.
Il sort du lot, il sort des sentiers battus, ose regarder Marseille sous son vrai jour quand il épargne à l’autochtone le cliché carte postale de la Bonne Mère. Ceci, pour le plaisir des techniciens de la photographie les plus avisés et des amateurs.

Billy Haden : Bonjour Cyril !
Cyril Cé : Bonjour.
BH : Prêt pour répondre à l’interrogatoire?
CC : Heu…oui (rires)

Qui es-tu Cyril Cé?

Quelle entrée en matière! J’ai l’impression d’être une personne en perpétuel devenir, toujours dans les projets, allant de l’avant… ce qui peut être aussi considéré comme un défaut.

Aujourd’hui, beaucoup de gens se tournent vers la photographie. Comment y es-tu arrivé?

J’ai eu le déclic quand j’avais 13 ans, je participais alors à un atelier de photographie organisé par un pion qui nous formait au tirage noir et blanc. A la même époque mon oncle travaillait dans une usine de papiers recyclés et chez lui je récupérais des revues de photographie. J’éprouvais déjà beaucoup de plaisir à me les approprier, à les regarder.
L’artiste qui m’a le plus interpellé dans ces années là c’est Mapplethorpe. Ses  photos sont pour moi très évidentes, il développe des sujets de portraits, de fleurs, dans une esthétique très épurée, sans intox.
C’est lui qui a formé mon œil ou bien je me suis formé au sien… la question sur l’influence reste en suspens.

Qu’est ce qui distingue ton regard de celui d’un autre photographe? Comment te définis-tu?

Je n’aime pas le terme générique de « photographe ». J’ai du mal à me définir en tant que tel. On y met à la fois tout et rien.
Je photographie et en même temps je ne sais pas si je suis photographe. A mon avis, être photographe c’est porter un regard sur le monde et si le propos n’est pas cohérent il ne sert à rien de s’auto proclamer photographe.
Le photographe, tel que je l’entends, doit avant ça être sociologue, voyageur, sans doute un peu voyeur aussi.

Quelle est ton activité principale?

Je suis prof. Ma matière première ce sont les élèves. Je ne suis pas prof de quelque chose, ça va au delà. Les relations aux enfants portent et ouvrent davantage plus que sur l’enseignement stricto sensu. C’est un métier que j’aime.

Parle nous du dernier événement auquel tu as participé, de ta performance « in progress » *

C’est la notion de performance qui m’a plue. Un regard porté sur un espace temps limité (5 heures).
L’idée était d’offrir un travail construit sur un sujet proposé.  Un contre mouvement à Marseille 2013, dans le cadre d’une soirée festive, sans chichis où on me demandait de faire des photos par forcément de la scène, mais surtout des participants. Il fallait  tourner l’appareil dans l’autre sens. Je regardais les gens qui regardaient le spectacle.
Ensuite, après un temps imparti à la sélection et au traitement des photos, a eu lieu la projection. C’était très intéressant de voir comment les gens se voient.

Combien de projets photographiques as tu effectué?

J’ai passé deux mois en Afrique du sud et en ai ramené matière à réaliser une expo. J’ai également participé à un guide touristique sud africain, le thème était plus artistique qu’illustratif. Je me suis senti très à l’aise qu’on me propose un travail sur la terre et sur la couleur. Je pense effectuer une exposition sur ce thème prochainement.
Puis, il y a eu Amers amers sur le thème de Marseille avec le Label Marseille! d’Olivier Emran. Il fallait regarder ce qu’on ne montre pas habituellement de la ville « vue de la mer ». C’est l’aviron qui m’a donné cette envie là, je trouve qu’en bord de mer on voit mieux le paysage. Il existe également une sélection de mes travaux préparatoires sur mon site qui complète l’ensemble.

Que fais-tu les mois prochains?

Dans les mois prochains, je monte deux projets.
Un travail dans un hôpital gériatrique à l’instigation d’un médecin psychiatre. Un œil artistique sur un sujet  plutôt difficile. Le rapport à la vieillesse dans notre société n’est pas un sujet abordé avec aisance. L’exposition aurait lieu in situ.
Sinon, tout l’été je pars en mission humanitaire au Mali. C’est l’occasion de découvrir sur place si ce séjour peut donner lieu à un nouveau projet, s’il peut susciter des levées de fonds, des donations etc… S’il a une portée sociale, je le développerai dans ce sens.

Dernière question : De nombreuses personnes me demandent pourquoi tu t’appelles « Cyril Cé » ?

C’est une question qui touche à l’intime. Disons pour faire court que c’est pour différencier ma vie personnelle de mes activités artistiques.

BH : Cyril, merci d’avoir répondu à nos questions.
CC : Merci à vous.

Propos recueillis par Billy Haden
Marseille, le 21 mai 2009

 

* ndrl : Le Bouillon Marseillais aux Grandes Tables de la Friche, le 24 avril dernier
**
Oogie Life Store, 55 Cours Julien 13 006 Marseille

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