Laurent DAUPTAIN

Laurent DAUPTAIN est né le 25 mars 1961. Diplômé de l’école des Beaux-Arts de Paris en 1981, des Arts Décoratifs en 1983, il obtient une maîtrise d’esthétique en 1984. Depuis 1981, il n’a cessé d’exposer et de recevoir des distinctions.

Si une caractéristique de l’art du portrait est de sous-tendre et tenter de résoudre nombre de questions fondamentales sur l’être; la pratique de l’autoportrait crée une aire privilégiée pour les questions sur l’âme. Questions que l’artiste se pose sur lui- même, face à son miroir, et qu’il se voue à restituer par le truchement de valeurs plastiques et de moyens picturaux.

Le degré d’exigence qu’engendre cet exercice peu commun, réclame que celui qui s’y adonne ne se laisse pas piéger. Qu’il ne sombre pas dans une sotte et satisfaite contemplation de la seule surface physique de sa personne. Il réclame qu’il développe parallèlement des qualités d’objectivité mentale et de métier artistique, afin de communiquer le plus totalement possible le fond de ce qu’il ressent, sur le moment, dans l’exercice de son acte de confrontation à lui-même.

Les applications les plus pertinentes du dessin seront peu de choses, si elles ne se voient pas assistées, exaltées même, par une réelle et constante vigilance sur les résolutions formelles alliées à l’ emploi de la couleur, propres à servir l’unité de l’œuvre, et capables de donner clairement à lire la diversité intime de l’être, jusqu’en son âme. Laurent Dauptain possède à un très haut et subtil degré, l’ensemble de ces qualités.

Nous en reconnaissons facilement l’empreinte dans chacun de ses autoportraits. L’endurance qu’il déploie, depuis le début de sa carrière, à se consacrer à ce genre pictural éprouvant, aurait de bonne raisons de nous laisser quelque peu pantois. Il est vrai que cet unique sujet d’étude courrait le risque de stériliser son art, s’il n’ avait justement contribué à développer chez lui un souci constant de vérité et d’efficacité dans la traduction picturale. Si Dauptain n’avait, sans cesse, su remettre en question le sens de son approche de lui-même, avec suffisamment de distance et d’intransigeante vérité.

Attitude qui transforme les œuvres qu’il produit en autant d’univers fortement individués qui restituent, avec probité, chacune des tentions psychologiques et spirituelles qui l’animent au moment où il se peint.

S’il existe un cheminement artistique original, mais sans la moindre affectation de l’être, c’est bien le sien. L’ensemble de ses autoportraits s’assimile à un journal intime, dans lequel celui qui le tient aurait le courage de tout dire, sans fard. Une si prégnante implication des subtiles et intimes réalités humaines dans un processus de création picturale, ne laisse pas de surprendre en regard de l’équilibre que garde Dauptain. Des personnalités d’égal talent, mais moins solidement structurées, encourraient certainement le risque d’y laisser une part de leur raison.

Ce qui finalement sauve cette introspection, vécue au jour le jour, du naufrage, c’est qu’elle se change en actes de peinture pure. Que cette mue conditionne des démarches fécondes de communication artistique.

En ce temps où trop peu de gens acceptent encore d’avoir le courage de se regarder en face, Laurent Dauptain se pose en témoin de lui-même, en autoportrait de son œuvre, dans une parfaite harmonie et intelligence avec sa vocation de peintre. Puisse la fréquentation de ses autoportraits nous induire à nous poser de saines questions sur la nature profonde et le rôle de l’art dans la société d’ aujourd’hui. Ils ont la capacité d’y répondre, et, mais accessoirement, de nous porter, individuellement comme collectivement, à nous mieux connaître et accepter tels que nous sommes.

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