L’entrepreneur est-il un créatif ?

Géraldine Dallaire est chargée de projet pour une jeune association lyonnaise, l’A.D.E.C.C (Association pour le développement des entreprises culturelles et créatives). En partenariat avec Solid’Arté, une autre association lyonnaise qui fait de l’appui aux projets professionnels artistiques, ils ont mis en place une journée de réflexion sur la thématique de l’entrepreneur culturel.

Pouvez-vous vous nous présenter l’ADECC ?

Depuis deux ans, l’ADECC a pour vocation de permettre l’émergence de nouvelles idées et l’identification des bonnes pratiques existantes liants culture et économie.
Un des autres axes que nous défendons est la notion d’entrepreneur culturel. Une de nos premières actions dans ce sens a été de mettre en place un club de mécènes original pour la région Rhône-Alpes : Mécènes-Rhône Alpes.

La journée de l’entrepreneur culturel et créatif aura lieu le 23 mars prochain, en quoi consiste cet événement et quels sont les participants ?

Grâce à des tables rondes se déroulant tout au long de la journée, nous aborderons tous les aspects « classiques » de l’entrepreneuriat, mais appliqués aux secteurs créatifs : sur quel marché les entrepreneurs culturels et créatifs évoluent-ils ? Quelles sont les qualités, les compétences nécessaires pour entreprendre dans ces secteurs ? Comment passe-t-on de l’idée à la concrétisation de son projet ?  Comment ces entrepreneurs ont-ils choisi leur statut juridique ? Trouver des financements ? Puis une fois la structure montée, comment évolue-t-elle ? Comment la faire croitre ? Pérenniser sa structure/son projet ?…
Ainsi, en abordant la démarche de l’entrepreneur culturel de façon similaire à tout autre porteur de projet dans un secteur économique « classique »  nous souhaitons engager une réflexion sur l’existence – ou non- de spécificités afin de répondre à la question : l’entrepreneur créatif est-t-il un entrepreneur comme un autre ?
Nous sommes très heureux car nous avons réuni des intervenants variés et qui vont pouvoir donner des éclairages différents sur ces thématiques.
Nous aurons ainsi des chercheurs comme Pierre-Michel MENGER, qui viendra nous parler du travail dans les secteurs de la création ou Philippe CHANTEPIE (chef du DEPS) qui abordera la question des spécificités de ces marchés. Mais interviendront aussi des personnalités politiques telles que Nadine GELAS et Yvon DESCHAMPS pour parler de l’avenir des politiques culturelles. Enfin, nous écouterons les témoignages d’entrepreneurs culturels issus de tous les domaines de la culture et de la création et des personnes ayant l’habitude d’accompagner la création et le développement de structures dans ces types de secteurs d’activité.

Cet événement est-il ouvert à tout le monde ?

Notre objectif est de fédérer l’ensemble des personnes intéressées par ces problématiques. L’événement est donc bien entendu ouvert à tous. Il faut cependant nous renvoyer le bulletin d’inscription téléchargeable sur notre site Internet.

Existe-il d’autres journées du même genre en France ?

Ce sera la première fois en France qu’un événement abordera cette thématique. Elle est encore très peu abordée dans notre pays alors que les pays anglo-saxons commencent tout juste à s’y intéresser.
Nous pensons cependant qu’elle va être grandement débattue dans les années/mois à venir.

Connaissez-vous d’autres structures, comme AnCRE, en France, qui traitent de problématiques semblables ?

En fait, nous venons de rencontrer Katell Martin !
AnCRE mène, en effet, une réflexion en ce sens très intéressante et nos structures vont rester en contact, afin de voir comment nous pouvons travailler ensemble.

Pouvez-vous nous expliquer, plus en détail, la notion d’entrepreneur culturel et créatif ?

On peut déjà s’étonner qu’il y ait, jusqu’alors, si peu d’intérêt sur la question de l’entrepreneur culturel et créatif. Cette notion est pourtant essentielle car c’est non seulement une reconnaissance de l’impact économique de la culture, mais elle oblige les acteurs eux-mêmes à adopter une réflexion sur les enjeux auxquels ils sont confrontés lors de la pratique quotidienne de leur activité.
En effet, les structures culturelles et créatives sont dirigées par des hommes et des femmes qui se retrouvent face aux mêmes problématiques que n’importe quel patron de PME-PMI : comment trouver des financements ? Comment embaucher ? Gérer, manager une équipe ? Comment vendre mon produit ? Trouver et séduire ma cible ? Comment me démarquer de mes concurrents?…
Afin d’appréhender cette notion, il est nécessaire d’aller au-delà des statuts juridiques des structures créées : être entrepreneur est avant tout un état d’esprit, une démarche qui peut se développer dans de nombreux champs d’action ou modes d’organisation.
La différence entre un entrepreneur culturel et un artiste est qu’un entrepreneur cherchera à apporter des solutions concrètes et à concilier approche économique et objectifs culturels/créatifs, il cherche à étendre son activité à l’ensemble de la chaîne de valeur alors que l’artiste donne la priorité à la production.
L’entrepreneur culturel ne se positionne pas nécessairement contre l’Etat, mais s’orientera vers des ressources économiques « mixtes ». Son projet, bien qu’à vocation culturelle, doit être viable. Il participe donc au remaniement du rôle de l’Etat dans notre société…

Selon vous, l’entrepreneur créatif est-il un entrepreneur comme un autre ?

Ce sera la grande question de la journée.
Bien entendu, nous avons notre idée… Lorsque nous avons décidé de mettre en place cet événement, nous pensions en effet, que les porteurs de projet dans les secteurs culturels et créatifs étaient des entrepreneurs comme les autres.
Cependant, il existe bien des spécificités. Une première ébauche de réponse, lorsque nous avons abordé cette question lors d’un petit-déjeuner organisé par le Tout Lyon, se trouverait du côté du marché dans lequel évoluent ces entreprises.
Nous comptons bien avoir de plus amples réponses le 23…

Un petit mot pour conclure ?

Nous sommes très heureux car cette journée a un grand succès auprès des professionnels du secteur. Nous espérons qu’elle contribuera à lancer le débat sur le sujet et à mobiliser les acteurs.

Géraldine Dallaire, la Rédaction de Lartino vous remercie pour le temps que vous lui avez accordé et rappelle que la journée de l’entrepreneur culturel et créatif aura lieu le 23 mars prochain à la salle du Conseil du Grand Lyon.

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