» Né dans la rue – Graffiti  » – Fondation Cartier (Paris)

Situé à quelques minutes de la gare de Montparnasse, la Fondation Cartier vous ouvre ses portes, et son âme, dans une ambiance New Yorkaise, avec l’exposition  » Né dans la rue – Graffiti  » jusqu’au 29 novembre…

La fondation Cartier souhaite réconcilier avec pertinence pros et antis d’un milieucontroversé. Intégrant réellement les lieux, le graffiti est mis en avant dès l’arrivée du spectateur.
Façade bombée, œuvre ou acte dégradant, leurs auteurs s’en donnent à cœur joie, entre questions et flash des appareils photos.

Pour la petite histoire…

Années 70, New York : Victime de la crise économique, la ville est dévastée, pauvre et dépeuplée. Les jeunes des communautés défavorisées, hispaniques ou afro américaines, se rejoignent. A peine adolescent, quinze ans parfois, ils couvrent voitures, métros, de leurs signatures, de leurs couleurs. Un méli mélo artistique, joint à l’indécence de se permettre l’apposition de marques sur des lieux publics. Souvent poursuivis par la police, les tagueurs s’en moquent, au prix de leurs vies parfois, l’important étant d’exister autrement.

Une exposition en deux temps…

Bannis des rues, le graffiti retrouve une place, comme tout art, dans ce lieu contemporain. Cette exposition se veut révélatrice des inspirations et de l’époque chère à nos graffeurs.

Au sous-sol, c’est la découverte d’un monde parfois familier qui s’offre à nous. Véritable reflet de notre enfance, entre « Arnold et Willy » et « Le Prince de Bel Air », s’approchant de certains films de Spike Lee pour leur authenticité et leur réalité sociale, cette partie rend hommage aux pionniers du graffiti. Entre vidéos, tableaux, représentations numériques, P.h.a.s.e 2, Part 1 et Seen entraîne nos sens dans Brooklyn ou le Bronx, à l’origine du graffiti.

Certains artistes témoignent. Âgés d’une cinquantaine d’années, ils se souviennent des années « sauvages », de ses années d’adrénalines où certains de leurs frères perdirent la vie, coupés en deux par des métros…

Keith Haring et Jean Michel Basquiat ne sont pas en reste avec l’accrochage de certaines de leurs toiles et surtout l’intérêt positif de les voir ici représenter. Eux aussi ont grandis dans la rue et étaient proches du quotidien, loin des paillettes d’un certain Warhol…

Cette partie historique plonge le visiteur dans l’ambiance chaude des années du street art, sur fond de scratch, et de break dance.

Le premier étage montre comment le graffiti a inspiré l’art contemporain. Entre créations spontanées (un morceau de métro tagué, une toile cassée et déchirée…) et peintures alambiquées, le charme n’opère qu’à moitié. Même si les œuvres de Basco Vazko, Nug, Gerard Zlotykamien sont à la hauteur de leurs talents, n’a t-on pas assez démontré que si le graffiti était un art à part entière, c’était en grande partie grâce à son identité ?

Le graffiti n’est pas lisse, il ne se veut pas propre et codé esthétiquement. Non le graffiti, c’est l’illégalité, le pouvoir de dépasser ses propres peurs, au péril de sa vie… C’est le caractère éphémère de cette même vie qui est rongée par des carcans altérants sa liberté…

Alors, de là où vous êtes, de là où se posent vos regards, laissez la liberté vous envahir, bien loin de votre quotidien… Rapprochez vous de New York et atteignez le paradoxe d’un ultime détour par ces années afro américaines, pleines d’humanité…

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