Matthieu Exposito est un jeune artiste « hyperactif » de 29 ans. Après un CAP en communication graphique, il a intégré le groupe Publicis en bac professionnel puis a fait l’école des Beaux Arts de Nancy. Il expose depuis 13 ans et est à son compte, inscrit à la maison des artistes, depuis deux ans. Son atelier d’artiste est basé en Lorraine. Rencontre avec ce jeune artiste français en pleine émergence.
Bonjour Matthieu Exposito , vous êtes plasticien et performeur, pouvez-vous nous en dire plus sur votre activité ?
J’adore mon métier.
Il y a l’aspect créatif : j’ai toujours aimé explorer toutes sortes de supports et matériaux, allant des graffitis aux broderies en passant par des installations et fresques géantes.
Et il y a l’aspect entrepreneur : de 2007 à 2009, j’exposais plus de 3 à 4 fois par mois… Ce qui est beaucoup pour un artiste car chaque exposition demande une grande organisation en amont (gestion de l’agenda, gestion des stocks d’œuvres, savoir ce qu’on va montrer et comment le montrer, qui peut nous aider à mettre l’expo en place, combien de temps ça va prendre…).
Ce rythme effréné était pour moi obligatoire car quand on veut travailler dans l’art contemporain et qu’on veut vivre de sa passion, il faut intégrer le circuit institutionnel. Comme pour tout métier, il faut se constituer un réseau lié au travail que l’on a choisi. Aujourd’hui, je fais en moyenne une exposition par mois car mon travail est entrain de porter ses fruits et les projets se multiplient (ateliers, expositions, concours, projets institutionnels, projets pour des entreprises, événements culturels…)
Pourquoi plasticien ET performeur ? Que vous apporte le côté performance ?
Plasticien car c’est avec le graffiti, le dessin et la peinture que j’ai débuté mon métier. J’aime beaucoup dessiner dans les bars, dans mon atelier, pendant mes voyages… J’aime aussi réaliser des installations de toutes tailles et dans tous lieux. Je n’ai pas de limite, sauf peut-être celle du temps de travail qui m’oblige parfois à refuser des projets.
La performance est comme un sport pour moi. C’est un très bon moyen de me surprendre, de surprendre les autres et d’aller au bout de mes convictions. C’est un autre moyen de manifester mes intentions et faire passer mes messages. De plus, c’est une présentation plus ludique de mon art pour le public qui est très réceptif, notamment lors des performances avec mon personnage EXPOPAIX. Les performances sont le prolongement de mes autres créations (dessins, peintures, installations…) et sont devenues une nécessité : je reste tellement longtemps dans mon atelier entrain de dessiner/peindre, organiser… Il faut que je bouge ! (Hé oui, c’est plus fort que moi. Vous l’aurez constaté, je ne peux pas rester inactif.) La performance me permet de me défouler physiquement et de m’amuser !
Qu’est-ce qui vous a donné envie de travailler dans ce milieu ?
Quand j’étais au collège, je m’ennuyais en cours donc je dessinais. Un jour, on m’a dit : « Toi c’est la formation professionnelle qu’il te faut, tu vas t’éclater, va faire un CAP ! » Et j’ai atterri au Lycée St Vincent de Paul à Algrange en Lorraine (57) … Je n’y croyais pas vraiment… Et franchement, ça a été la révélation. J’ai commencé à comprendre à l’âge de 16 ans à quoi servait l’école… (rire).
Travailler dans le milieu de l’art contemporain et de la culture est pour moi une nécessité. C’est le moyen que j’ai trouvé pour revendiquer mes idées et réfléchir sur la société, les cultures, la consommation, l’économie, notre façon de vivre et d’envisager l’avenir.
Comment qualifieriez-vous votre univers ?
Un univers résolument ironique, dans lequel se mêlent humanité et violence.
J’aime qu’il y ait une ambigüité dans une œuvre. Que ça ne laisse pas indifférent. Pour moi, les artistes d’aujourd’hui se doivent de faire passer un message important qui va susciter le questionnement et la réflexion. Et pour cela, il faut qu’il y ait plus qu’une « jolie » création.
Dans mes dessins, souvent en Noir et Blanc : j’y intègre une violence visible … Et une violence invisible car psychologique (que beaucoup de gens s’infligent pour diverses raisons). Quoi qu’il arrive, mon univers est résolument parsemé d’espoir.
Dans mes installations : l’utilisation du rose fuchsia montre mon envie de lancer un univers d’ondes positives. Mais ce monde merveilleux, cette « vie en rose » cache quelque chose de profondément cynique qui va malmener le visiteur. Bref, quand c’est du noir et blanc c’est profondément sombre avec une grande touche d’espoir. Et quand c’est fuchsia, je fais éclater cet espoir pour emmener les gens sur un constat plus sombre.
J’ai tendance à dire aux gens que mon art est « engagé. » J’entends par là socialement… Après, être engagé, c’est simple à dire … C’est à vous d’avoir un regard par rapport à cela et de me dire ce que vous en pensez 😉 !
Pouvez-vous nous en dire plus sur EXPOPAIX ?
C’est un personnage imaginaire que j’ai créé en 2010 sous forme graphique. Je lui ai ensuite donné vie par le biais de la performance, le rendant ainsi réel.
La légende dit qu’il vit dans la Nature. En ce moment, il résiderait dans diverses cabanes construites dans la forêt en Meurthe-et-Moselle. Il véhicule l’esprit de non-violence. C’est lui qui me garde tout mon stock de boulettes de papier. Je suis, pour l’instant, la seule personne avec laquelle EXPOPAIX puisse communiquer (car il ne parle pas). De temps en temps, il me laisse des déchets devant la porte de mon atelier. Je réutilise ces déchets pour réaliser des installations et des sculptures.
EXPOPAIX, c’est un peu un comme un clochard : il est profondément humain (même s’il ressemble plus à un « Chaman en peluche » qu’à un être humain….) Il n’a jamais voulu me dire s’il vivait seul ou accompagné… Si vous le croisez un jour, n’ayez pas peur, il ne vous fera pas de mal.
Qu’évoque, pour vous, la couleur Rose ?
J’ai débuté avec le Noir et Blanc … Le rose à peu à peu envahit mes créations !
J’ai choisi cette couleur pour son ambivalence qui incarne à mes yeux la chair, la rosée régénératrice, la séduction, mais aussi la gourmandise et l’excès. Pour moi c’est la couleur qui symbolise au mieux l’ironie.
De quelle manière travaillez-vous ?
Je travail rarement cul nu… (rire) Dans mon atelier, je porte régulièrement le boxer Rose Fuchsia qu’une Fan m’a envoyé par la poste. Je ne la remercierai jamais assez ! C’est mon premier cadeau de Fan fallait que j’en parle au moins à un moment donné pendant les questions !!! (rire)
De quoi vous inspirez-vous ?
La vie, les gens… Tout simplement… Et principalement la vie dans les bars.
Quels messages souhaitez-vous faire passer à travers votre travail ?
Au choix : Faites l’amour pas la guerre. Faites de l’art pas la guerre. Faites quelque chose, pas la guerre. Pas la guerre.
Où pourra-t-on prochainement retrouver vos œuvres ?
Suivez mon actu sur mon site ça sera plus simple ! 🙂
Pour résumer je termine mon exposition au Musée d’Art et d’Histoire de Toul en Lorraine le 7 avril 2011 et j’ai plusieurs expositions prévues en France (Epinal, Angers, Paris…)
Des artistes dont vous admirez le travail ?
Wouhaaaa !!! Qu’est-ce que je fais si j’en oublie un ?… Bon je peux vous dire ceux auxquels je pense maintenant mais j’en aime tellement !!!… Comme Raphaël, Léonard de Vinci, Picasso, Escher, Pollock, Jean Dubuffet, Basquiat…
Ah lala j’en oublie sûrement et me rattraperai dans une prochaine interview ;-b
Quelles sont vos priorités et objectifs pour les prochaines années ?
Oula !!! Un paquet de projets pour 2011 (et jusqu’à 2013 d’ailleurs)…
Je viens de réaliser un décor et des accessoires de théâtre pour la compagnie Tota Compania. J’ai adoré cette première expérience dans le milieu du théâtre et le referai avec plaisir !
Je suis entrain de finaliser l’élaboration de 3 sculptures en bas relief sur une façade d’immeuble à Saint-Cloud.
J’envisage également de pouvoir voyager en France et à l’étranger pour présenter mon travail. Je participe d’ailleurs au Concours ARTAQà Angers et prévoie d’autres concours et interventions à Paris, Toulouse, Bruxelles et dans d’autres villes.
Bien entendu, je continue à dessiner (je commence d’ailleurs un projet d’illustrations d’actualité et suis à la recherche d’un éditeur) et à réaliser de l’art vidéo et même des clips ! (J’ai un projet avec les Rouler Pinder, groupe de rock lorrain déjanté que j’adore).
J’aimerais également trouver des résidences d’artistes pour continuer mon travail de dessins dans les bars et développer mes projets de performances…
Enfin, je continue à organiser avec mon équipe le Festival JTC via l’association JM FAMILY PRODUCTION qui nous permet de produire à Toul un paquet de bons artistes déjantés : groupes de musiques, artistes plasticiens, comédiens…
Un petit mot pour conclure ?
Merci pour cette interview !
J’espère que les lecteurs auront le courage d’aller jusqu’au bout parce que je leur fais à tous de gros bisous. ;-b (J’espère surtout que ça leur donnera envie de venir voir mon travail lors des expositions ou sur mon site Internet. ;-))
A bientôt et un GRAND MERCI à L’ARTino pour m’avoir donné la parole !!!
Vive la culture. Vive le rock.
Matthieu Exposito, la Rédaction de Lartino vous remercie, ainsi qu’Audrey Devedeux , pour votre disponibiliét et espere avoir l’occasion de visiter l’une de vos expositions, pourquoi pas à Angers 😉