Stéphane Martinez, Fondation Mécène et Loire

Stéphane Martinez est le Président de la Fondation Mécène et Loire depuis sa création en aout 2007. Il dirige également, depuis janvier 1986, avec son frère jumeau, l’entreprise familiale Marty Sports spécialisée dans la conception, la fabrication et la commercialisation d’équipements sportifs à destination des collectivités. Stéphane Martinez a accepté de répondre à nos questions sur la Fondation Mécène et Loire et sur le Mécénat en général …

Stéphane Martinez, pouvez-vous nous présenter la Fondation Mécène et Loire ?

En 2005, l’ACFCI* et le ministère de la culture signent une charte pour le développement du mécénat d’entreprise. Cette charte prévoit la nomination d’un référent (élu) et d’un correspondant (permanent) mécénat.
Myriam Germain responsable de la communication à la CCI de Maine et Loire est depuis correspondante, je suis pour ma part référent (élu CCI depuis 2000).

En tant que Président de la Commission info com. à la CCI,  j’ai fait travailler cette commission sur le sujet, nous avons créé un groupe de travail de 5 personnes (3 chefs d’entreprise) et participé aux différents travaux du groupe mécénat national.

Les travaux du groupe de travail ont aboutis à la création d’entreprise Mécène et Loire. Cette fondation s’adresse exclusivement aux entreprises ressortissantes de la  CCI de Maine et Loire. Il y a 24 entreprises membres fondateurs dans la fondation qui s’engagent pour 5 ans soit pour 5000€  par an (ARGENT) soit pour 10 000€ par an (OR). Nous avons donc un budget de 160 000€/an soit 800 000€ pour les 5 ans. Les règles d’une fondation sont rigides. Les Membres fondateurs doivent être identifiés sur les statuts avec leur engagement ce qui exclu de nouveaux membres potentiels…

La CCI nous héberge et assure notre administratif. Les membres fondateurs sont aussi très investis ce qui nous permet d’attribuer 150K€ par an, soit la quasi-totalité du budget.

Nos statuts prévoient un domaine d’intervention très large, Culture, Solidarité, Sport, Environnement et Science. Les projets ou les porteurs de projets doivent êtres sur le Maine et Loire, et doivent êtres Innovants et/ou originaux.

Les appels à projets sont lancés sur notre site mecene-et-loire.fr, les 1er décembre pour un dépôt des dossiers le 30 juin suivant. Nous avons eu 91 dossier la première année pour 26 projets aidés, 98 cette année pour 20 projets soutenus.

Nous avons, cette année, décidé la création d’une bourse dotée de 45 000€ dont le thème sera  Art, innovation et économie en Anjou. Toutes les formes d’expression sont acceptées.

Existe-t-il en France d’autres Fondation poursuivant les mêmes objectifs ?

A notre connaissance, non. Une Fondation multi entreprises, multi activités n’existe pas. Il y a bien des clubs dédiés à un lieu, un évènement, ou des Fondations multi activité mais d’une seule entreprise. L’originalité de notre démarche vient du fait que 24 entreprises se sont regroupées pour faire mieux qu’individuellement et que nous ne nous sommes pas cantonnés à une seule activité.

La 1ère rencontre Mécénat et entreprises a eu lieu le 21 novembre dernier, pouvez –vous nous expliquer en quoi cette journée consistait ?

La CCI de Maine et Loire a signé à son tour une charte avec la DRAC. Il est clairement écrit que la CCI s’appuie sur Mécène et Loire pour ses actions de mécénat. L’entrée de nouveaux membres étant exclue par la loi, il nous a paru nécessaire d’expliquer notre démarche auprès de nos pairs, les chefs d’entreprises de Maine et Loire. Le but de cette rencontre était d’expliquer le mécénat, mais aussi de donner envie.

Nous voulions aussi mélanger un peu tout le monde, entreprises et porteurs de projets. Le mécénat est aussi nouveau pour bon nombre de porteurs de projets et les techniques ne sont pas toujours bien maîtrisées.

Ces rencontres étaient donc articulées autour de 2 ateliers, Quels bénéfices pour l’entreprise, animé par l’ordre des Experts comptables, la chambre des notaires, l’ordre des avocats et la mission mécénat. Atelier technique sur la loi, les avantages fiscaux etc. Le 2e atelier animé par la CCI, la Fondation et la Mission Mécénat était plus un rendu d’expérience et des conseils sur comment réussir ses actions de mécénat. Nous avons également eu un beau panorama du mécénat en France par l’ADMICAL.  Monsieur ADAM des Eurokéennes de Belfort nous a longuement parlé pour conclure ses rencontres des actions de mécénat autour de leur festival.

Malgré le contexte et la crise, près de 250 personnes ont assisté à cette 1ere RENCONTRE

Du point de vue des entreprises, en quoi consiste le mécénat et quels sont les avantages ?

La question est large. Pour résumer, c’est un moyen de communication très subtil et pas tapageur  qui est avant tout basé sur l’image positive que souhaitent les entreprises.
Nous sommes loin des achats d’espaces, du sponsoring dont le but premier est d’accroitre les ventes. C’est aussi une excellente méthode de management en interne. Quoi de mieux pour la relation en interne de se retrouver entre collègues et sans hiérarchie lors d’un spectacle ?

Les autres avantages sont aussi fiscaux, la loi de 2003 permet aux entreprises une économie d’impôt société de 60% sur les sommes versées dans la limite de 0,5% du CA. Il faut noter qu’il est désormais toléré des contreparties à hauteur de 25%.

Pour les artistes, y a-t-il également des avantages ?

La principale est bien évidemment de pouvoir lever plus de fonds privés. Mais pas seulement, car l’accès aux salariés des entreprises est beaucoup plus facile, ceux-ci peuvent devenir spectateurs ou aider dans différentes tâches. C’est aussi je pense une formidable reconnaissance. On a vu des nouveaux Mécènes se porter sur des projets parce que la Fondation y était.

Quelles sont les questions à se poser, pour une entreprise, avant de devenir mécène ?

Je ne sais pas s’il faut réellement se poser trop de questions. Il doit y avoir avant tout l’envie. Sans cela rien ne marche.
Nous ne sommes pas sur des actions de sponsoring où l’on est en droit d’attendre des retombées commerciales directes.
Par contre, si l’on veut prétendre à l’exonération fiscale, il faut impérativement s’assurer que le projet est bien éligible au mécénat.  Il faut aussi s’assurer du sérieux du projet et des personnes qui le porte.

Le mécénat est-il accessible à toutes les entreprises ?

Bien sûr. Quasiment toutes les entreprises font du mécénat sans le savoir, à leur niveau.
Dans la majorité des cas ces actions ne sont pas formalisées car petites où tout simplement parce que l’on ne s’est pas posé la question.  C’est par exemple le camion que l’on met à disposition d’un club de football pour son tournoi annuel, du chauffeur qui le conduit.
En formalisant la totalité des actions menées par l’entreprise sur une année, on pourrait être surpris des sommes ainsi dépensées. En récupérant les 60% d’impôt société, vous disposez de sommes supplémentaires…

Parlons d’un cas concret évoqué à la Rencontre Mécénat et entreprises, pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les actions de Mécénat de l’Abbaye Royale de Fontevraud (49) ?

Je ne suis pas le mieux placé pour en parler. Je pense qu’un des membres du nouveau club des mécènes de l’Abbaye le ferai mieux que moi. Ce  nouveau club de mécènes lancé officiellement lors des rencontres du 21 novembre est dédié entièrement à l’Abbaye. Il doit permettre le développement d’activités culturelles mais aussi économiques sur ce site emblématique du Maine et Loire.

On constate une nette augmentation du nombre d’entreprises-mécènes en France, à quoi cela est dû ?

Un peu à tout ce qui a été dit juste avant. Le contexte et les facilités fiscales. Mais aussi parce que  les entrepreneurs de notre pays ont bien compris que le rôle des entreprises ne se cantonnait pas qu’aux domaines économiques. L’entreprise est un lieu de vie où il y fait souvent bon travailler et qui s’ouvre de plus en plus sur l’extérieur et sur son territoire. L’Etat, par la loi de 2003, nous donne les moyens de le faire, l’envie des chefs d’entreprises doit faire le reste.

Quels sont, encore, selon vous les principaux changements auxquels il faut s’attendre dans les prochaines années ?

Une augmentation des structures collectives telles que la nôtre qui permet à des PME de s’inscrire sur des projets ambitieux grâce à des regroupements. Enfin je l’espère.

Quelles sont vos priorités et objectifs pour les prochaines années ?

Nos priorités sont celles définies depuis le départ. Aides sur des actions innovantes et originales en Maine et Loire et ce au minimum pendant la durée de vie de 5 ans de la Fondation. Aider au développement du mécénat dans notre département mais pas seulement. Notre expérience encore unique est très observée surtout du côté des autres CCI françaises et nous essayons de nous rendre disponibles le plus possible afin de faciliter la création d’autres fondations du type de Mécène et Loire d’autres départements, car s’il y a souvent la volonté il manque souvent l’élément déclencheur, le noyau dur qui va prendre en charge la création d’une telle structure.

Organisez-vous prochainement une nouvelle rencontre ?

Nous envisageons d’autres rencontres mais pas tous les ans. Il faut pouvoir se renouveler, trouver des thèmes et des intervenants intéressants. Le coût et l’énergie dépensée à cette organisation n’est pas neutre. Nous verrons très prochainement avec les partenaires de ces rencontres, mais tous les 2 ans parait un rythme envisageable.

Un petit mot pour conclure ?

Ce que je martèle sans cesse aux membres fondateurs «  PRENONS DU PLAISIR ». 
Je voudrais aussi saluer très sincèrement au nom de tous les membres  l’excellent travail effectué par le service communication de la CCI de Maine et Loire et particulièrement Myriam Germain et Cécile Grosbois. Il est souvent facile de décider, il faut ensuite mettre en œuvre, elles le font à merveille.

Stéphane Martinez, La Rédaction de Lartino vous remercie pour le temps précieux que vous avez accepté de nous consacrer.

 

* ACFCI : Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie

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